Une reconnaissance sociale différenciée
Le statut social du musicien varie selon les lieux et les époques.
Bayonne connaît au XVIIe-XVIIIe siècle une corporation des musiciens bien établie et les tambourins, outre leurs obligations coutumières, se mêlent aux instruments "savants" pour bon nombre d’occasions. Mais c’est surtout au Pays Basque sud, comme l’ont montré Mikel Aramburu et Karlos Sánchez Equiza, que la figure du tamborilero ou txuntxunero (joueur de ttunttun : tambourin et flûte à trois trous) devenu txistulari (joueur de txistu) connaîtra un processus d’institutionnalisation à l’échelle des municipalités, renforcé par le foralisme et l’influence des Lumières d’abord, le romantisme ensuite. Les txistularis urbains, outre leurs fonctions coutumières, s’emploient à adapter (et à tempérer) l’instrument aux nouveaux répertoires de salon et de concert.
En Navarre, la gaita (aérophone à anche double) connaîtra un processus de modernisation similaire au XIXe siècle, en particulier sous l’influence de Julián Romano (1831-1899) et de l’école de gaita d’Estella.
Au Nord, les ménétriers resteront largement à l’écart de ce double processus d’institutionnalisation et de modernisation, tout en maintenant leur fonction originelle auprès des danseurs.