Une reconnaissance sociale différenciée
Le XIXe et le XXe siècle seront les temps de la politisation de la culture populaire, au nom de diverses idéologies, au Pays Basque nord et sud. La figure du ménétrier n’échappe pas aux relectures en tout genre. Symbole d’une singularité basque, le txistu (flûte à trois trous) prend une valeur symbolique avec la montée du nationalisme basque au Pays Basque sud dans la première moitié du XXe siècle. L’Association des txistularis du Pays Basque, fondée en 1927, renforcera cette reconnaissance. Au Pays Basque nord, xirula (flûte à trois trous) et ttunttun (tambourin à cordes) ne font pas l’objet d’un intérêt comparable, et leur usage décline. Les Jeux floraux incluent certes des concours de xirula et de sauts jusqu’en 1920, mais l’impulsion ne suffit pas. Concurrencé par les cuivres et l’accordéon, le tambourin à cordes disparaît d’abord du Labourd et de la Basse-Navarre – sauf en pays de Mixe – dès avant 1914. La xirula devient instrument de seconde zone à l’exception de la Soule, où la forte personnalité du tambourinaire Lexarduart (1866-1938) lui permet de perdurer. Le violon, sans doute considéré comme insuffisamment "basque" par les définisseurs culturels, sombre dans l’oubli. L’accordéon triomphe partout et permet de renouveler une partie du répertoire. Au Sud, le trikitixa, accordéon diatonique arrivé à la fin du XIXe siècle, devient central pour la danse récréative.