Un rapport ambivalent du clergé à la danse
Comme au Pays Basque sud, certains prêtres du Pays Basque nord condamnent globalement la danse tandis que d’autres établissent une distinction plus subtile.
De passage à Saint-Jean-de-Luz en 1679, John Locke note la persistance de l’usage – aboli par le Parlement de Paris dans plusieurs diocèses en 1547 – voulant que le prêtre ouvrât la danse le jour de sa première messe. Le prêtre qui l’a précédé devient l’invité principal de la danse et le "roi du bal". La coutume, comme l’a montré Bidador, fut également en vigueur au sud.
A la fin du XIXe siècle, selon Pierre Lhande (1877-1957), bon nombre de prêtres ouvrent encore le bal en Soule en décrivant les premiers points des Muneñak ou des Mutxikoak, suivis des anciens, des jeunes maîtres de maison et des cadets.
Le syllogisme de Michel Elissamboure (Lehengo Eskualdunak zer ziren, 1899) résume cette position ambivalente : (a) toutes les danses sont condamnables ; (b) les sauts basques (Eskualdun jauziak) ne sont pas des danses ; (c) les sauts basques sont licites.
L’ethnicité devient alors garantie de moralité.