Le "civilisé" et le "sauvage"
La symbolique de bon nombre d’usages dansés reste sujette à une multiplicité d’interprétations.
Beaucoup de cortèges carnavalesques ou charivariques, étudiés notamment par Thierry Truffaut en Labourd et Antton Luku en Basse-Navarre, mettent en scène une tension binaire entre "rouges" et "noirs", bolant (danseurs) et zirtzil (comparses), kaxkarot (danseurs) et maskak (masques), époux et ours, etc.
D’autres cérémoniels, comme dans l’Alarde (parade folklorico-militaire) du Maure à Antzuola ou dans la pastorale souletine, rejouent l’opposition classique entre maures et chrétiens.
Dans certains cas, les "beaux" danseurs peuvent être dirigés par un personnage ambivalent, relevant autant du chef que du fou (Bobo à Otsagabia, Cachimorro en Alava). D’aucuns, dans la tradition anthropologique classique, verront dans ces tensions internes la lutte entre l’hiver mortifère et le printemps fécond. D’autres y lisent l’opposition entre catégories sociales. D’autres encore interrogent ces oppositions binaires pour repérer bon nombre de figures intermédiaires dans les cortèges.
La multiplicité des lectures favorise la survie des pratiques.