Danse et contextes protocolaires civils en Pays Basque Sud : la société en miroir
Outre sa fonction récréative, la danse a un rôle de solennisation protocolaire.
La soka dantza (danse en chaîne) constitue en Guipuzcoa, Biscaye et en Navarre le principal rituel chorégraphique de représentation publique des échelles de pouvoir dans la société. Dans ses variantes, elle suit une même structure : constitution d’une chaîne d’hommes (ou de femmes, dans le cas des soka féminines), défis dansés entre l’aurreskua ("première main", premier de la chaine) et l’atzezkua ("dernière main", dernier de la chaîne), incorporation des femmes (ou des hommes) dans la chaîne, ponts (zubiak), nouveaux défis, fandangos et farandole.
Karlos Sánchez Equiza a montré que la soka dantza mettait en scène la cohésion sociale, y compris par la sélection des participants, par les zubiak et l’exclusion des catégories sociales marginalisées. La cohésion sociale est hiérarchisée, et la direction de la soka a valeur honorifique.
En Biscaye, le maire nouvellement élu devait diriger la soka le jour de son investiture J. I. Iztueta (1767-1845) distingue les différentes soka en fonction des participants : gizon dantza (des hommes), gazte dantza (des jeunes), eche-andre dantza (des maîtresses de maison), escu-dantza galaiena (des "galants"), escu-dantza nescachena (des jeunes filles).