Juan Antonio Urbeltz : la collecte du patrimoine chorégraphique basque

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Argia dantza taldea Juan Antonio Urbeltz
Juan Antonio Urbeltz : la collecte du patrimoine chorégraphique basque

A 25 ans, Juan Antonio Urbeltz intégra le groupe ARGIA de Saint-Sébastien. A l'époque, la plupart des danses basques traditionnelles avaient disparu. "C'était le désert", mis à part deux ou trois compagnies ou ballets. C'était la conséquence de la guerre civile de 1936 : "Dans cette cruelle bataille, nous, basques, nous avons sombré... De nombreux hommes y ont perdu la vie : 50 000 en Navarre". Les danses n'ayant plus été pratiquées pendant la guerre, certaines disparurent. A la fin du conflit, toutes les forces furent rassemblées pour rétablir la paix civile. Les gens n'avaient pas l'humeur à danser ou à chanter. "C'est alors que nous entamâmes la collecte des danses traditionnelles". Juan Antonio Urbeltz désirait avant tout mettre les danses navarraises au coeur du patrimoine culturel basque. En 1968, année de leur mariage, ils apprirent avec Juan Bautista Lasarte l'Ingurutxo de Iribas, qu'avant la guerre les jeunes hommes dansaient avec des castagnettes. Ils se rendirent à Ituren (Navarre) et, réunis dans une bergerie, apprirent à danser "soka-dantza" à la manière locale. Et ainsi, à travers toute la Navarre. Le groupe ARGIA et J.A.Urbeltz créèrent un programme intitulé "Nafarroako dantzak" (Danses de Navarre) qu'ils présentèrent au public à la salle Gaiarre à Pampelune. Juan Antonio et Marian Urbeltz allèrent aussi en Basse-Navarre. Leur maître de danse fut Faustin Bentaberry de Uhart-Cize, neveu du célèbre musicien et danseur Faustin Bentaberry (1869-1936). Urbeltz collectait ce patrimoine ancien pour le faire sien, s'en approprier l'âme et... "Que de ce vieil air, naissent deux nouveaux versets" ! Le seul problème est de savoir comment récupérer ce matériel ancien. Les choses sont à la fois simples et compliquées, c’est le paradoxe. Il faut faire simple, sans tomber dans le simplisme. En 1969, ils présentent pour la première fois, sur la scène du Théâtre Victoria Eugenia, Eurtako Neska Dantza. Ce fut une expérience très intéressante. Deux ans auparavant, lors d’un séjour à Otsagi, ils avaient découvert des carnets, publiés par la famille Estornés Lasa, contenant des indications précises notamment sur les danses des filles de Jaurrieta. L’origine de ces indications se trouvait dans le recueil de chants de Resurreccion Maria de Azkue. C’était d’autant plus étonnant que le répertoire de danse pour les filles était assez pauvre. Avec son épouse, Juan Antonio Urbeltz fit donc un montage en utilisant différents éléments collectés : les superbes costumes de la vallée de Salazar, un chant en euskara, des pas de danse, une mélodie originaire de Lekaroz pour l’entrée et la sortie de scène, et pour la première fois, ils introduisirent la xirula (flûte) pour évoquer les bergers. Le succès fut considérable. Les gens étaient émus. « À partir de là, insiste Juan Antonio Urbeltz, tout a changé. Ce matériel que nous avons récupéré n’a pas d’âge. Et il est fait pour durer. »

 

CC-BY-NC-SA - 2010 | Institut Culturel Basque

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