La femme “objet” de danse plutôt que “sujet” ?

Le Père Donostia a écrit que la femme ne dansait pas dans les danses basques, mais qu’elle "était dansée" autrement dit qu’elle était l’objet de la danse, à l’invitation de l’homme... Le fait est que la femme basque ne danse pas dans le sens que ce mot a parmi nous. Elle assiste au bal et y participe, mais comme cela a été si bien dit, en fait, c’est pour être dansée, pour que devant elle, l’homme montre ses facultés. Dans cette citation, il fait précisément allusion à la soka-dantza (danse en chaîne) et au moment où les hommes qui composent la chaîne invitent la femme au centre de la place pour se placer derrière l’aurresku ("la première main" ou le premier de la chaîne). Toutefois, les hommes n’étaient pas les seuls à mener la première soka-dantza ( qui devenait mixte au fur et à mesure de la danse). Il était fréquent que des femmes la conduisent aussi, s’appropriant ainsi le premier rôle en tant que danseuses. Voici ce que relate un chant collecté par Resurreccion Maria de Azkue : "Behin batez yoan ninduzun Isturitzeko plazalat, andre eder bat ikusi nuen dantza-buruan zuhala". Un jour je me rendis sur la place d’Isturitz, je vis une belle femme à la tête de la danse. Une belle femme à la tête de la danse, une femme guidant la "soka dantza".