Marcel Etchehandy
Extrait
Dimension spatiale et cosmique de la Fête-Dieu
Le bénédictin Marcel Etchehandy a gardé quelques souvenirs d’enfance liés à la Fête-Dieu à Saint-Michel (Basse Navarre). Son père y officiait comme capitaine, il y avait des sapeurs et des soldats. Il se souvient aussi qu’à la sortie de l’église, le défilé arpentait les trois rues de son village en grande pompe. Les soldats étaient armés et tiraient des salves, ce qu’il n’a vu nulle part ailleurs. Ils chargeaient eux-mêmes leurs fusils avec de la poudre. Chaque village possède quatre grandes croix situées aux points cardinaux, et le village se trouve au milieu. Chaque année une procession se rendait successivement vers les quatre croix. Là, on faisait des prières, contre les intempéries ou pour s’efforcer de garder une maîtrise sur la nature. C’étaient donc des croix de rogations. À présent, tout cela se perd. Pourtant, il s’agit toujours de la même idée de cercles concentriques. Il faudrait s’interroger sur le pourquoi de cette organisation en cercles.
Marcel Etchehandy. Programme "Eleketa". 2012 © Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques - 19AV387, 413-414
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Père Marcel Etchehandy est né à Saint-Michel en 1932, dans une famille d'agriculteurs composée de six enfants (quatre garçons et deux filles). Deux des quatre garçons deviendront moines (Père Ignace est aussi bénédictin à l'abbaye Notre-Dame de Belloc), un troisième reprendra la suite de la ferme, une des filles suivra son mari basque aux USA, et la plus jeune deviendra religieuse.
Marcel a grandi à Saint-Michel jusqu'à ses dix ans, puis a poursuivi ses études (1942-1949) au monastère de Belloc où il existait jusqu'en 1973 un collège et un lycée. Entre l'obtention de son baccalauréat (1949) et son ordination (1957), il accomplira son service militaire durant un an et demi (1953-1954) et connaîtra également la guerre d'Algérie (1956).
Après son ordination, il enseignera pendant 10 ans au collège du monastère, sera membre de la Commission diocésaine d'art sacré puis se lancera à partir de 1967 dans un énorme chantier : la traduction de la Bible en langue basque. Ceci lui demandera une maitrise du grec, de l'araméen et de l'hébreu moderne ainsi qu'une connaissance parfaite du contexte historique de La Bible. Il passera dans cet objectif une année en Israël (1968), une autre à Strasbourg (licence de théologie) et enfin deux ans et demi à l'institut biblique pontifical international de Rome. La Bible en version basque verra le jour en 2008, presque 40 ans après qu'il en fut décidé ainsi...
Père Marcel a également contribué à la connaissance d'autres pans de la culture basque dont ceux de la danse dans la fête religieuse et de la symbolique présente dans l'art lapidaire basque. Agé au moment de l'entretien de 80 ans, l'homme profondément chrétien est à la fois engagé envers sa langue et sa culture, et ouvert sur le monde.