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Juan-Antonio Urbeltz

Juan-Antonio Urbeltz

Extraits

Juan-Antonio Urbeltz : la collecte du patrimoine chorégraphique basque

Le seul problème est de savoir comment récupérer ce matériel ancien. Les choses sont à la fois simples et compliquées, c’est le paradoxe. Il faut faire simple, sans tomber dans le simplisme. En 1969, ils présentent pour la première fois, sur la scène du Théâtre Victoria Eugenia, Eurtako Neska Dantza. Ce fut une expérience très intéressante. Deux ans auparavant, lors d’un séjour à Otsagi, ils avaient découvert des carnets, publiés par la famille Estornés Lasa, contenant des indications précises notamment sur les danses des filles de Jaurrieta. L’origine de ces indications se trouvait dans le recueil de chants de Resurreccion Maria de Azkue. C’était d’autant plus étonnant que le répertoire de danse pour les filles était assez pauvre. Avec son épouse, Juan Antonio Urbeltz fit donc un montage en utilisant différents éléments collectés : les superbes costumes de la vallée de Salazar, un chant en euskara, des pas de danse, une mélodie originaire de Lekaroz pour l’entrée et la sortie de scène, et pour la première fois, ils introduisirent la xirula (flûte) pour évoquer les bergers. Le succès fut considérable. Les gens étaient émus. « À partir de là, insiste Juan Antonio Urbeltz, tout a changé. Ce matériel que nous avons récupéré n’a pas d’âge. Et il est fait pour durer. »

© Institut culturel basque - 2010

"Comme créateurs, nous avons une responsabilité envers notre peuple"

"Dans le processus de création à partir du patrimoine traditionnel, il nous a fallu prendre en compte deux choses. Notre premier "cadre" est notre culture populaire. Il y a eu ici, dans les années 1950-1960, une fâcheuse tendance passéiste qui nous présentait comme un peuple sans histoire, resté au Paléolithique. Nous devons veiller à ne pas reproduire les éternels clichés. Nous devons savoir où se trouve vraiment notre culture. Le deuxième "cadre" est celui de l’Europe. On ne peut pas y échapper. Nous sommes un peuple très ancien, avec une langue très ancienne, mais nous ne sommes pas des Martiens, et nous ne pouvons pas faire un saut de 40 000 ans en arrière. Nous ne pouvons pas nous éloigner de ce cadre européen. Si nous voulons faire de la création, nous devons être vigilants, car nous avons une responsabilité envers notre pays, envers notre peuple. Désormais, nous devons donner une assise à notre travail. Au cours des quarante dernières années, nous avons mis en place, dans nos programmations, quelque 500 compositions musicales différentes, d’innombrables costumes et de nouvelles danses créées à partir du patrimoine traditionnel. Le public et les groupes de danse se sont nourris de tout cela. Il s’agit à présent de "digérer" tout ce travail. Pour savoir ce qu’il y a sous l’eau, il faut d’abord agiter la surface et descendre de plus en profond. Nous avons agité l’eau. Tout cela viendra avec le temps."

© Institut culturel basque - 2010

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Juan Antonio Urbeltz (Pampelune, 1940) est l'un des plus importants chercheurs et investigateurs de la danse traditionnelle basque.

Chorégraphe, anthropologue et folkloriste, il a dès les années 1960 collecté les danses du Pays Basque pour sauvegarder, transmettre et renouveler ce patrimoine.

Puiser à la source de la tradition, s'en imprégner, la transmettre tout en explorant de nouvelles voies, voici ce à quoi s'est attaché Juan Antonio Urbeltz.

Avec ses amis du groupe Argia de Saint-Sébastien, ils ont parcouru les sept provinces du Pays Basque, appris et recueilli les danses locales. Le plus bel exemple de la réappropriation de ce patrimoine est "Axuri Beltza", dansée et chantée par les filles (1969).

Juan Antonio Urbeltz a étudié le symbolisme des danses et l'interprétation des coutumes traditionnelles basques. Il a aussi écrit de nombreux livres.

Directeur du groupe de danse Argia de Saint-Sébastien, il continue aujourd'hui à mettre en scène de nouveaux spectacles. Depuis 2004, il est membre du Conseil International de la Danse.