Jean-Pierre et Laurent Harignordoquy
Extraits
"Les Basques ont toujours été danseurs, chanteurs ou musiciens"
Pour Jean-Pierre Harignordoquy, les Basques ont toujours été danseurs, chanteurs ou musiciens. Du fait de leur culture, ils ont également leur propre mode de pensée. Laurent Harignordoquy ne conçoit pas un enseignement de la danse basque exclusivement en français. Précisément parce qu’il s’agit de danse basque, l’enseignement doit se faire en basque. Les deux sont indissociables. Dans les groupes qui comptent des non-bascophones, il intervient dans les deux langues. Père et fils pensent que la danse basque peut constituer une porte d’entrée vers la culture basque, y compris pour des gens qui en sont très éloignés. C’est le cas de certains retraités qui se mettent à la danse sur le tard, et qui en sont très heureux.
© Département des Pyrénées-Atlantiques – Archives départementales - Collecte "Eleketa". 2013 - 19AV959
Souvenirs d'enfance à Louhossoa
Lors des fêtes, tout le monde dansait, jeunes et vieux. Jean-Pierre Harignordoquy se souvient d'un couple âgé qui dansait le fandango avec des castagnettes. Tout le monde s'arrêtait pour les regarder. Ils dansaient très bien. Ils étaient originaires de Louhossoa et s'appelaient Errekarte. Jean-Pierre ne sait pas où ils avaient appris à danser. Les gens dansaient la valse, la java, le paso doble... mais pas les sauts basques. Pourtant, à la Fête-Dieu, il y avait de bons danseurs, notamment les coqs et les sapeurs. Il n'y avait alors pas de groupe de danse au village. En revanche, les sauts basques étaient dansés à Macaye et à Mendionde. À la fin de la partie de pelote on dansait les mutxiko, ainsi que d'autres danses.
Jean-Pierre et Laurent Harignordoquy. Collecte "Eleketa". 2013 © Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques - 19AV953
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Jean-Pierre Harignordoquy est né le 21 janvier 1948 à Macaye, à la maison Xurrupea. Il est le cadet et le seul garçon d'une fratrie de cinq enfants. Si Xurrupea est située sur le territoire de Macaye, la famille s'est de tout temps considérée de Louhossoa. Le père de Jean-Pierre est meunier, mais le moulin familial cesse de fonctionner en 1978. Jean-Pierre s'initie à la danse basque grâce à Jean Nesprias, à l'âge de 7 ans (1955). Les répétitions ont lieu au trinquet de Louhossoa, le mardi après l'école. Il danse en public pour la première fois en 1959, à l'occasion des fêtes de village. C'est ainsi que se constitue un groupe de garçons et de filles qui se produit entre 1959 et 1965 à Louhossoa, Bidarray, Cambo, Itxassou, Bayonne. Des musiciens les accompagnent : un accordéoniste de Souraïde, le joueur de flûte ou txistu Joseph Teillerie, et le joueur de tambour Josetxo Fadon. Ce dernier les pousse à réhabiliter le carnaval labourdin. Jean-Pierre intègre de 1968 à 1977 le groupe Ezpela d'Espelette, en tant que danseur et makilari. En effet, il a appris par mimétisme à manier le makila tout en dansant : il pratique cet art de 1968 à 2005 lors de la Fête-Dieu et l'enseigne à de nombreux jeunes. Jean Pierre participe comme danseur à la cavalcade mise en place à Louhossoa, par son fils Laurent, en 2002.
Laurent Harignordoquy, né en 1980, est l'un des trois enfants de Jean-Pierre. Il a une formation professionnelle dans le secteur de l'hôtellerie et de la cuisine. Il commence à danser au sein du groupe Ataitze d'Itxassou à l'âge de 8-9 ans, poursuit ensuite au sein du groupe Begiraleak de Saint-Jean-de-Luz, avant de donner naissance au groupe Polliki de Louhossoa en 2000. Laurent danse au sein de compagnies de danse basque, celles notamment de Christian Larralde, Claude Iruretagoyena. En 2004, il suit une formation de trois ans au Conservatoire de Bayonne auprès de Koldo Zabala (technique de la barre et présentation de danses de caractère), lui permettant de parfaire sa technique. Aujourd'hui il participe à la création de chorégraphies basques contemporaines dans lesquelles il danse parfois lui-même. Laurent souhaite vivre de la danse et se dit prêt à quitter son pays natal pour vivre de cet art.