Bertrand Dezoteux : "Je veux renouveler le regard"

Bertrand Dezoteux (1982, Bayonne), lauréat de l'appel à projet Hogei'ta, présente ici son parcours et son projet, ainsi que sa découverte tardive de la culture basque.

Qu’est-ce qui vous a attiré vers la culture basque ?

Bertrand Dezoteux
Bertrand Dezoteux
Mon amatxi d’Ahetze y est pour beaucoup. J’ai effectué mes études sur Bayonne, Angoulême, Strasbourg et le Pas-de-Calais, j’ai eu l’occasion de travailler surtout sur Paris, mais j’ai toujours eu un lien qui m’attachait ici. Dans mon travail, je me suis d’abord intéressé à la culture du Sud Ouest, en œuvrant sur le Corso des fêtes de Bayonne, puis je me suis centré sur la culture basque. C’est là que je me suis rendu compte de ma vision superficielle sur le sujet. Je n’avais pas beaucoup d’infos, juste ma grand-mère qui me racontait la vie d’avant, durant les années 40. Ce sont ces moeurs-là qui ont été mon point de départ. Nos ancêtres vivaient beaucoup plus en harmonie avec la nature que nous aujourd’hui. Ma grand-mère me dit toujours qu’avant, il y avait beaucoup plus d’animaux et d’insectes. Je me suis donc d’abord intéressé à ce monde paysan.

Vous en avez créé un premier film…

Oui, Zaldiaren orena (L’heure du cheval). J’avais lu un livre d’anthropologie sur la relation mari et femme dans la société paysanne. On y traitait d’ailleurs de la société paysanne basque. J’y ai découvert l’importance de la maison basque, par exemple, puis d’autres rituels et modes de vie que j’ai trouvés extraordinaires. J’ai donc décidé de confronter ce monde paysan aux machines, et aux robots. De là est né Zaldiaren orena. On peut actuellement le voir au Musée Basque de Bayonne. C’est l’histoire d’un robot qui se ballade au Pays Basque. Quand je l’ai présenté à Paris, les gens ont senti un lien fort avec une identité. Ici, le public était plus intrigué. Mais je voulais explorer un peu plus ce sujet-là.

L’appel à projet Hogei’ta est donc tombé à pic ?

Oui ! J’ai trouvé super de soutenir ce genre de projet. Dans le coin, le public n’est pas trop art contemporain. Je le répète : avec Zaldiaren orena, les gens étaient intrigués, je sentais qu’il n’y avait pas trop l’habitude du décalage, du bizarroïde. Je veux renouveler le regard. Il y a ici, au Pays Basque, une vraie force, une vraie singularité. Ne serait-ce qu’au niveau des couleurs. J’ai vu une création de Valentin Carron sur la maison basque… Plastiquement, c’était très fort ! Alors voilà, je suis étonné qu’il n’y ai pas plus de production que cela ici. Pourtant, c’est une culture qui est également énigmatique, on ne connaît toujours pas les origines de la langue basque… Il y a matière à exploiter !

Vous restez donc dans ce registre pour votre projet sélectionné dans Hogei’ta ?

Oui ! Ce sera un film. Je confronterai la société paysanne basque à la 3D. Je veux, entre autres, jouer avec la nature, ces fameux insectes et animaux que ma grand-mère ne voit plus. On va creuser un peu plus tout ça. J’ai présenté le projet sous le nom de Animaliak hor dire (Les animaux sont là)… Mais je crois que je vais remplacer Animaliak par Kabalak. Cela me semble plus singulier, et moins proche du français.

Entretien : Xan Aire