Penser les questions identitaires en ce début de XXIème siècle
Christian COULON - Professeur de science politique Institut d'études politiques de Bordeaux.
Quelques hypothèses de travail
La question identitaire est plus que jamais d'actualité, sous une forme ou sous une autre, dans la plupart des sociétés contemporaines, qu'il s'agisse des sociétés dites avancées du Nord ou des sociétés dites sous-développées du Sud.
Au-delà de la diversité des situations, et notamment des formes d'expression qu'elle peut prendre, cette saillance de l'identité me paraît relever d'une problématique générale dont je voudrais ici dégager les axes essentiels.
J'en relèverai cinq qui me semblent en ce début du 21ème siècle constituer des éléments de réflexion à partir desquels on peut tenter de comprendre pourquoi l'identité fait sens dans nos sociétés contemporaines.
- La modernité (ou la post-modernité) n'a pas abouti à rendre caduques les appartenances culturelles ou ethniques.
- Deuxième hypothèse, liée à la précédente : la mondialisation est un processus contradictoire et paradoxal qui induit certes une certaine homogénéisation des sociétés mais qui engendre aussi en même temps des formes d'indigénisation de ce processus global que des auteurs ont nommées glocalisation.
- Les mouvements de populations et les nouvelles technologies de l'information et de la communication qui caractérisent le monde actuel favorisent ces « branchements », ces articulations.
- Ces dynamiques identitaires s'inscrivent aussi dans des formes plus individualisées d'appartenance. Celles-ci ne relèvent plus simplement de l'héritage, de la coutume, mais aussi, plus que jamais du choix individuel du sujet.
- Les changements que je viens de pointer dans la production des identités ne doivent pas cependant occulter la fragilité des cultures dites minoritaires.