Identité et territoire, être d'ici ou d'ailleurs

Conférence de Michel Cahen - Anglet - Journées du patrimoine 2002

"La question qui nous préoccupe ce soir m'intéresse beaucoup en tant qu'extérieur, non seulement parce que je ne suis pas Basque et que je ressens personnellement une identité française que je crois aussi forte et aussi fondée que celle que nombre d'entre vous ici, dans la salle, ressentent comme identité basque, c'est à dire à égalité d'identité, mais  aussi parce que sur les terrains d'études qui ont été les miens - l'Afrique notamment - j'ai trouvé beaucoup de problèmes qui aident y compris à réfléchir aux questions européennes.

Par exemple, peut-on aujourd'hui étudier l'Afrique sans étudier l'identité ? Vous savez que ce continent aujourd'hui en très mauvais état a eu des frontières entre les états qui ont été découpées un peu n'importe comment, après le Congrès de Berlin en 1884. Alors certes, toutes les frontières sont artificielles, toutes les frontières ont été l'objet de nombreuses guerres, sauf que chez nous en Europe cela a mis à peu près mille ans à se stabiliser, et ce n'est pas encore tout à fait stabilisé. En Afrique, cela a été décidé en dix ans, par des colonisateurs qui ne connaissaient rien au terrain. Donc, forcément, les états qui ont été constitués ont beaucoup de difficultés à correspondre aux identités des peuples présents dans l'espace territorial, même si l'idéologie de ces états, qu'ils aient été de colonisation française, anglaise, belge ou portugaise, est tout à fait une idéologie d'état-nation".

Texte complet de la conférence de Michel Cahen