Identité et traditions dans le monde manouche

Les familles qui se disent elles-mêmes « manouches » le font avec une évidence et une assurance proportionnelle à l’invisibilité et à l’effacement délibéré de cette très forte identité, là ou l’administration française ne voit que Gens du Voyages, et le grand public des « Gitans » ou, lorsqu’ils ont quelques lettres, des « Tsiganes ». Cette assurance identitaire des Manouches, dans ces conditions d’invisibilité, repose, dans les représentations que les intéressés en produisent eux-mêmes, sur l’évocation de « traditions » qui les distingueraient irrémédiablement des « Gadjé / Gadže » (non Tsiganes). Mais ce discours sur les traditions est compliqué et même contrarié par les conversions massives à l’Église de la Mission Évangélique des Tziganes de France Vie et Lumière initiée à partir de la fin des années 50 du siècle dernier, car parmi les éléments culturels considérés comme traditionnels, certains sont incompatibles avec cette nouvelle affiliation religieuse, d’autres compatibles, mais moyennant des transformations substantielles.

Jean-Pierre Cavaillé est Maître de conférences en anthropologie à l'EHESS-Toulouse. Par ailleurs, il est impliqué dans le mouvement occitaniste en Limousin et dans la région Occitanie.

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