Visite de sites : pourquoi conserver ?

Restaurer n'est pas simplement une entreprise de protection. On sauve aujourd'hui pour que, demain, cette mémoire existe. Les restaurateurs du lavoir d'Ahetze ont rencontré d'autres amoureux du patrimoine qui, pour faire oeuvre d'éducation, ont contribué dans leur maison ou quartier à la préservation des traces du passé.

Jocelyne Larcebal, membre des Amis du Lavoir de Louillot, a fait connaître au groupe des maçons deux des trois fontaines épargnées à ce jour sur Anglet (Bessouye et Houndarro), ainsi que le dernier moulin à vent du Pays Basque appelé communément la Tour de Lannes.

Le groupe de charpentiers, lui, a eu l'opportunité de visiter la fontaine de Bessouye en compagnie du maître-charpentier, Alain Arondel, qui a dirigé en 2003 les travaux de restauration de la charpente. Cette fontaine située au fond d'une impasse communale, au sud de la piste de Parme, 200m après la jonction de l'avenue de Brindos et du chemin de l'Ermite, est donc aujourd'hui rénovée. « Limpide et chantante, elle emplit le bassin séparé en deux parties inégales, l'une dune pierre, l'autre de cinq (), six pierres seulement car le hameau de Bessouye ne comptait lors de la construction de la fontaine, que cinq maisons dont la ferme Dassouye » (extrait de l'ouvrage de Pierre Lafargue, "Fontaines retrouvées").

La fontaine de Hondarro, non rénovée, ne comporte plus que 4 des 10 pierres qu'elle comptait à l'origine (les autres ayant été volées).

José Saplairolles, Xan Errotabéhère et Armand Haitze, membres de « Ur Begi » ont fait découvrir aux maçons le lavoir d'Iturbidea et le four à chaux du quartier Hérauritz à Ustaritz, rénovés tous les deux grâce à l'ardeur de l'association (voir le dossier consacré au chantier de rénovation du lavoir d'Ustaritz).

Les charpentiers ont quant à eux visité deux ouvrages à Saint-Pée-sur-Nivelle : la maison Inharria (XVIIème siècle) du quartier Ibarron, en présence de Peio Fagoaga (propriétaire des lieux) et Xemartin Bachoc (grand connaisseur de maisons à structure de bois), et le lavoir de Legarreta (construction achevée en 1855) du bourg du village, en présence de Luis Galarregui, charpentier retraité qui a dirigé le chantier de restauration (2006).

Luixa Daguerre et son neveu, Jean-Bruno Etcheberry, ont ouvert les portes de leur moulin aux deux groupes, Plazako Errota, à Saint-Pée sur Nivelle. Ce moulin du XIVème siècle, qui a appartenu autrefois au château de Saint-Pée, est acquis en 1922 par la famille Daguerre. Il continuera de fonctionner jusqu'en 1972, grâce à la proximité du ruisseau Amezpetu. Convaincus que le patrimoine est aussi un outil d'éducation, les descendants ont repris, depuis 1998, une activité meunière, uniquement à des fins pédagogiques.

Elias Tapia de Sare a fait le même pari avec la maison familiale Ortillopitz édifiée en 1660 sur les vestiges d'une bâtisse de 1540 dont il reste une remarquable structure de chêne et d'épaisses murailles en pierre taillée.

Les stagiaires, grâce à une visite commentée, ont appréhendé la structure et l'histoire de cette immense demeure de 600 mètres carrés répartis sur trois étages, ainsi que son environnement (meule de foin, verger, pommeraie, vigne, potager, lavoir).

Michel Urbistondo, tailleur de pierre, leur a fait découvrir les grandes carrières de grès de la Rhune à Ascain (avant la visite de son atelier à Sare). La Rhune est connue des professionnels du bâtiment pour sa production de grès utilisé depuis longtemps. Le gisement, formé au début de l'époque secondaire, s'étend sur tout le Pays Basque (non seulement sur la Rhune mais aussi sur le territoire des communes de Bidarray, Baigorri, Saint-Martin-dArrossa, Irouléguy, les Aldudes), ainsi que sur les montagnes du Baztan en Pays Basque sud (Navarre). Ce grès silicieux se présente sous deux teintes dominantes : rose légèrement violacé et gris-blanc. La société des Grandes Carrières de Grès de la Rhune est la seule exploitante de ce type de grès depuis 1924.

Enfin, avec Pantxoa Iturria, agent patrimonial de l'Office National des Eaux et Forêts, ils ont parcouru la forêt communale de Saint-Pée-sur-Nivelle (1200 ha) en distinguant les quatre types de forêts dominants en Pays Basque (forêt primaire, chêne têtard, hêtre, essences exotiques) et leurs différentes utilisations en charpente et menuiserie.