L'homme et le dramaturge

Le chemin de l'Eglise

Piarres Larzabal naît à Ascain le 2 mai 1915. Son père, Alexandre Larzabal et sa mère, Maria Carrera, sont respectivement d'Urrugne et de Lesaka. Son père étant parti à la guerre en 1914, ce n'est qu'à son retour, à l'âge de trois ans, que l'enfant fait sa connaissance.
Désireux de se faire prêtre, il suit des études au petit séminaire d'Ustaritz puis au grand séminaire de Bayonne.

Le service militaire et la guerre

En 1933, Piarres Larzabal quitte le Pays Basque pour Paris, où il doit effectuer son service militaire. Les deux années qu'il passe là bas sont richement remplies : d'une part, il obtient un diplôme d'infirmier, et d'autre part, il intègre une troupe de théâtre.

Et c'est en 1934 qu'il publie, dans la revue "Gure Herria", sa première pièce, "Irri eta Nigar" (rires et pleurs).

Piarres Larzabal est ordonné prêtre en 1939. Monseigneur l'évêque le nomme alors à Hasparren, en qualité de troisième vicaire.

La guerre éclate et, après quelques semaines, il rejoint le front. Fait prisonnier par les Allemands, il connaîtra plusieurs camps de concentration. Très gravement malade, les membres de la Croix Rouge le transportent en Suisse.

Le vicaire d'Hasparren


Il revient à Hasparren en 1942.

Tout en assurant sa charge ecclésiastique, au nom de la liberté, il choisit le chemin le plus dangereux : il s'engage dans la Résistance Française. Il revêt le grade de «Commandant ».

La guerre achevée, il se consacre à deux activités principales : le théâtre et la formation des jeunes travailleurs chrétiens ; il prépare aussi, avec le chef de la gendarmerie d'Hasparren, les jeunes au service militaire.

C'est à ce moment-là qu'il commence à écrire énormément de pièces. Et il organise des réunions avec les jeunes travailleurs chrétiens, via le mouvement JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne). Il est ainsi  nommé aumônier de la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens. Après neuf ans passés à Hasparren, Mgr l'Evêque le nomme curé de Socoa (quartier côtier d'Urrugne).

Le curé de Socoa

Lorsqu'il arrive à Socoa il a déjà une solide réputation d'auteur de théâtre. Pas seulement parce qu'il a depuis longtemps un don mais aussi du fait qu'il utilise le théâtre comme un moyen d'instruire la jeunesse.

Les premières pièces quil écrit n'ont d'autre objectif que de divertir. On peut par exemple citer "Kontrabandistak", "Dendarietan", "Manez ohoretan" ou "Xirrixti Mirrixti gerrenian plat". Il adapte ensuite son style avec un autre  but : faire réfléchir ses auditeurs ; Parmi ses meilleures pièces, citons "Etxahun", "Bordaxuri", "Okilomendi jaun mera", "Nork hil du Oihanalde", "Hila espos" et les pièces écrites dans les années 50 sont des comédies qui évoquent les problèmes de société. Dans la décennie suivante, c'est l'Histoire du Pays Basque et les événements quil vivra en tant que prêtre qui influenceront lévolution de son uvre.

Quand il est nommé curé de Socoa, en 1951, il n'y a ni presbytère ni église. En attendant leur construction, il s'installe dans le garage et le petit atelier de la maison "El sol" léguée à la paroisse d'Urrugne. Le garage lui servira d'habitat et le petit atelier deviendra une chapelle. Il achète un terrain pour construire une église tout en allant chercher de laide et des financements dans les grandes paroisses.
La première pierre de l'église est posée en 1952, et cest en 1959 quest célébré le premier baptême.

Bien quil s'investisse énormément dans son travail de prêtre, l'abbé Larzabal n'abandonne jamais l'écriture.Il a toujours continué à collaborer aux revues "Gure Herria" et "Herria".

En 1959, Piarres Larzabal, auteur d'un article sur la guerre d'Algérie, et Piarres Laffite, directeur de la revue,ont été appellés à comparaître devant le tribunal. Ils seront relaxés.

Abertzale

Dans les années 60, il s'engage plus que jamais en tant qu'abertzale (patriote basque), et il est un des fondateurs du journal Enbata.

En 1963, il est élu à l'académie de la langue basque, où il prend la place de Jean Elissalde. Cest à ce moment là qu'il écrit ses pièces de théâtre "Paper mende", "Sarako lorea", "Urriki latza", "Lana eri", "Suedako neskatxa" et "Matalas". Enfin, il a écrit divers spectacles sous la forme de pastorale. Parmi eux, "Orreaga", "Lartaun", "Orria 778" eta "Aralar".

Le Pays Basque Nord comptant de plus en plus de réfugiés politiques basques, il crée, en 1969 avec ses amis Telesforo de Monzon et Angel Arregi, l'association "Anai-Artea", destinée à leur apporter un soutien. En 1979, il participe à une grève de la faim, en l'église Sainte Anne d'Hendaye. Les événements de lépoque sont relatés, à la manière d'un journal dans son livre "Anai artean".

En 1979, gravement malade, il est contraint d'abandonner sa charge de curé de la paroisse de Socoa.

Il continue pendant 8 ans à habiter au presbytère qu'il avait construit. Il y est entouré de Esteban et Belen Arizmendi et de leurs enfants, réfugiés quil avait accueillis sous son toit.

Il décède le 12 janvier 1988, et ses obsèques sont présidées par Monseigneur Molères, évêque de Bayonne, entouré de plusieurs prêtres.

A la place du sermon, et à la demande du défunt, est  lu par l'abbé Roger Idiart, prêtre et ami, un texte écrit par Piarres Larzabal lui-même en 1979. C'était sa dernière volonté.

Sources : hiru.com, Bidegileak (Piarres Xarriton), Daniel Landart (résumé d'une de ses conférences)