Les charivaris ou Toberak
Les parades charivariques sont une représentation théâtrale par la collectivité d’une conduite jugée digne de réprobation...
Étendues dans toute l'Europe sous les termes "charivari", "cencerrada", "rough music", elles prennent en Pays Basque le nom de karrusa, galarrotsak, toberak ou cavalcades, et perdurent sous leur forme ancienne jusqu'en 1937.
Un jugement théâtral
Ces manifestations étaient un prétexte pour faire la fête. Elles mettaient en scène, d'une manière satyrique, une sorte de jugement avec juges et accusés.
Au-delà de cette représentation, la danse tenait une place prépondérante, avec de nombreux danseurs élégamment costumés (bolantak, kaxkarotak, basandereak, andere xuriak). Parmi les acteurs, on trouvait entre autres des improvisateurs (bertsolari), des musiciens, des clowns pour amuser le public.
Tous formaient un défilé inaugurant et clôturant la parade charivarique.
En savoir plus: Les Toberak d'Irissarry
L'évolution des Toberak
Après la guerre de 1939-1945, la société évolue et les traditions aussi. Ce style de charivaris déjà décrié, disparaît peu à peu. Celui qui se déroule en 1937 à Irissarry est probablement le dernier de ce type.
On organise désormais des cavalcades et des parades charivariques autour de thèmes très variés. A Louhossoa et Macaye par exemple, à partir de 1950 elles s'inspirent de la fiction mais conservent les éléments traditionnels (danse, jugement, zirtzil, cavaliers, huissiers...).
Dans les années 1970, alors que dans toute l'Europe des formes de théâtre nouvelles apparaissent, les abertzale proposent une nouvelle lecture politique des Toberak, qui critique le pouvoir local en place (À Iholdy en 1974, à Saint-Michel en 1988, à Baigorri en 1976 ou en 1979, en Amikuze en 1991...).
Les cavalcades aujourd'hui
Suite aux différentes réflexions menées à partir des années 1990, les cavalcades organisées aujourd'hui ont trouvé un compromis. On y évoque toujours l'actualité du village mais en respectant les différents points de vue et sans faire usage de la violence. L'objectif premier est désormais de créer un lien entre les villageois.
Phonothèque
"Les Toberak en Labourd aux XIXème et XXème siècle", Festival Hartzaro 2010 (05-02-2010) - Ustaritz. Ecouter des extraits de la conférence que le chercheur Xabier Itçaina a donnée à Ustaritz.
Bibliographie
- Les volants du Baigura. Parades charivariques et traditions dansées à Irissarry , Xabier Itçaina. Bulletin du Musée Basque (2012). Traduction française (PDF) de cet article.
- Tobera-mustrak Lapurdi barnekaldean. Xabier Itzaina, Sukil, cuadernos de cultura tradicional (Iruñea/Pampelune), 2, Iruñea/Pampelune, 1998, p. 2-18.
- La société du tambourin, une histoire sociale de la musique à danser en Pays basque, Xabier Itzaina, Brepols, Turnhout, 2022
- Sarako kabalkadaren bezperetan, 1815eko Turrut-Arrosaren tobera, 2016-10-05, Dantzan.eus
- Canico et Beltchitine, farce charivarique, Bilketa.eus
- Libertitzeaz. Antton Luku, Pamiela, Iruñea/Pampelune, 2014.
- Sanction morale, fête et politique : le charivari à Itxassou au XIXe siècle. Xabier Itzaina, Revue d'Histoire de Bayonne, du Pays-Basque et du Bas-Adour, 151, 1996, p. 435-450.
- Xabier Itçaina - La cavalcade d'Itxassou en 2007 (www.dantzan.eus)
- La tradition de danse en Béarn et Pays Basque français. Jean-Michel Guilcher. Editions de la MSH, Paris, 1984.
- Etudes sur le théâtre basque. Le théâtre comique. Chikitoak et koblak. Mascarades souletines. Tragi-comédies de Carnaval. Sérénades charivariques. Parades charivariques. Farces charivariques. par Georges Hérelle. Librairie Ancienne Honoré Champion-Edouard Champion. 5, quai Malaquais, Paris, 1925.
- Théâtres basques, une histoire du théâtre populaire en marche. Hélène Etchecopar-Etchart, Bayonne, Gatuzain, 2001.