La photographe Séverine Dabadie (1964, Biarritz) a suivi au cours de l'année 2022 à la demande de l'ICB les préparatifs de la cavalcade d'Ossès et ses représentations. Au travers de ses clichés, elle met en avant les diverses facettes artistiques de cet événement qui, en dépit des contraintes et reports imposés par la crise de la pandémie, a su rassembler tous les villageois.
Initialement prévue pour les 13 et 20 septembre 2020, la cavalcade d'Ossès "Plazatik harat" sera jouée par les ortzaiztar les 18 et 24 septembre 2022. Que de péripéties pour tous ces villageois qui s'étaient regroupés autour de l'association Urzaiz ! L'épidémie de Covid est passée par Ossès et entre les cas contacts, les malades et les confinements, l'agenda a été bousculé au gré du virus. Il en aura fallu de la volonté et de la constance à tous les bénévoles de l'association, acteurs et danseurs d'Urzaiz pour présenter au public la cavalcade « Plazatik Harat ».
Xantxo Lekumberri, son Président, a tenu bon dans la tempête aux côtés de ses troupes, plus de 60 danseurs, 20 acteurs, les couturières et le groupe chargé de la logistique. Entre annulations des répétitions puis des représentations, reports, confinements, rien n'aura entamé l'enthousiasme des villageois qui n'avaient pas présenté de cavalcade depuis 1900.
Réécrire les textes, renouveler, adapter le programme prévu, ils n'ont rien perdu de leur motivation ni du plaisir de se retrouver pour répéter encore et encore, coudre et recoudre les pantalons des Bolant...
La cavalcade est une parade charivarique pluridisciplinaire, qui mêle défilé, danse, procès, théâtre, musique, bertsu. Une tradition qui, peu à peu, localement et sporadiquement fait son retour. Elle est aussi une manière de galvaniser les villageois autour d'un même projet : la défense de la langue basque et des traditions.
C'est aussi une manière de s'amuser tous ensemble, quels que soient les générations ou les milieux sociaux-culturels, d'échanger en euskara, de faire vivre la langue au quotidien, de mettre en avant la nécessité du lien collectif autour de traditions dont l'expression est précieuse parce que rare, parfois fragile.
On s'y défoule, on y réfléchit, on rit, les critiques de la société peuvent être acerbes mais l'esprit collectif est toujours là.
Malgré les péripéties sanitaires, le calendrier malmené, les froidures hivernales, le port du masque, les ateliers de danse, de théâtre, de couture et de musique ont poursuivi leur but.
Séverine Dabadie