La motivation linguistique en 2006
La motivation est l'ensemble des facteurs qui sont à la source d'une action ou d'un comportement. Il est évident que la langue a un lien étroit avec la lidentité, surtout avec la langue maternelle, car la langue constitue une valeur sociale majeure. Concernant la langue basque nous analyserons trois éléments : le sentiment identitaire, les opinions et les attitudes.
L'identité basque
La simple phrase "je suis Basque" a au moins deux significations :
- une signification sociopolitique : "je suis citoyen du Pays Basque" ;
- une signification sociolinguistique : "je parle basque".
La question était : "Dans quelle mesure vous sentez-vous Basque ?".
Cinq réponses possibles : "Entièrement. Assez. A moitié. Un peu. Pas du tout".
Dans les commentaires nous regrouperons les deux premières et les deux dernières réponses pour voir si les consciences identitaires sont fortes ou faible. Nous prendrons comme variable la compétence linguistique pour saisir le lien entre la langue et lidentité.
Dans quelle mesure vous sentez-vous Basque ? | Pays Basque nord 2006 | Bascophone | Bilingue réceptif | Non bascophone |
---|---|---|---|---|
Entièrement. Assez. | 48% | 88% | 75% | 32% |
A moitié. | 15% | 10% | 16% | 17% |
Un peu. Pas du tout. | 37% | 02% | 08% | 51% |
Les bascophones expriment une forte identité basque dans une proportion très importante : 88 %. Les trois quart des bilingues réceptifs sont dans le même cas (75 %) et dans ces deux groupes très peu de personnes expriment l'absence d'identité basque. Le sentiment d'identité basque exprimé par les non-bascophones est plutôt étonnant. Presque la moitié de ce groupe (48 %) se considère comme Basque, si nous cumulons les identités fortes et moyennes.
Lidentité basque nest donc pas nécessairement liée à la langue. Pas même à lorigine. Ce sont les natifs du Pays Basque qui exprime de sentiment basque le plus vivace (%72). Heureusement les arrivants aussi se considèrent Basques à 62%, entièrement ou « à moitié ».
Les opinions concernant la langue basque
Ici aussi nous présentons la manière de penser de tous les habitants du Pays Basque nord, bascophones ou non, natifs ou arrivants. Le questionnaire proposait 10 opinions avec 5 réponses possibles : tout à fait ou plutôt daccord; ni pour ni contre ; plutôt ou tout à fait daccord. Regroupons les réponses en trois groupes : accord, indifférence, désaccord.
Opinions | Accord | Indifférence | Désaccord |
---|---|---|---|
1- Le bilinguisme social ne fait pas problème | 82% | 06% | 12% |
2- Il est bon denseigner le basque aux enfants, même sils ne maîtrisent pas encore le français |
72% | 14% | 14% |
3- Le basque est nécessaire pour communiquer avec les gens dici |
61% | 10% | 29% |
4- Tous les enfants devraient apprendre le basque | 82% | 06% | 12% |
5- Le basque est aussi riche que le français | 56% | 40% | 04% |
6- Pour être un vrai Basque il faut parler basque | 52% | 12% | 36% |
7- Davantage démissions en basque dans les média | 51% | 32% | 17% |
8- Le basque pour entrer dans la fonction publique | 51% | 17% | 32% |
9- Le basque sera aussi important que le français | 48% | 29% | 33% |
10- Je préfère apprendre le basque que langlais | 37% | 25% | 38% |
Apparemment les habitants du Pays Basque nord sont prêts à accepter une politique linguistique audacieuse danas lenseignement, dans les médias et dans les services plublics. En effet ils expriment une grande estime de la langue basque (1, 3, 5, 6). Avec quelques hésitations cependant concernant le français ou langlais (9, 10).
Les attitudes à légard de la langue basque
L'opinion est une manière de penser, alors que l'attitude est une tendance à adopter tel comportement. Ceci dit, pour analyser l'attitude de quelqu'un on utilise ses opinions. L'attitude de chaque personne a été définie en référence à une série d'opinions. En compilant les réponses positives et négatives, toutes les personnes ont été classées en cinq groupes, en fonction des sentiments qu'elles ont exprimés au sujet de l'utilisation de la langue basque et de son enseignement.
- attitude favorable ou très favorable ; ni pour ni contre ; attitude défavorable ou très défavorable.
Nous avons regroupé les deux premières et les deux dernières réponse pour montrer les attitudes favorables, défavorables ou indifférentes à la promotion du basque.
En survolant les résultats on peut dire que 41 % des habitants sont favorables ou très favorables au développement de l'utilisation du basque et de son enseignement; 18% sont contre et 41% ne sont ni pour ni contre. Ainsi ceux qui sont favorables à la langue basque sont bien plus nombreux que les bascophones et les bilingues réceptifs réunis (31%). Le nombre important des indifférents montre la nécessité d'une pédagogie en faveur de la langue basque, soit par l'information, soit par des campagnes de sensibilisation. Cependant il existe de grandes différences d'attitudes selon le secteur, lorigine, la compétence linguistique ou lâge.
Voici une liste de ce qui sont pour ou contre la promotion du basque :
- Les citadins du BAB : 32% pour, 22% contre.
- En Labourd intérieur : 48% pour, 16% contre.
- En Basse-Navarre et Soule : 51% pour, 09% contre.
- Les natifs du Pays Basque : 55% pour, 09% contre.
- Les arrivants du Pays Basque : 27% pour, 28% contre.
- Les bascophones : 75% pour, 03% contre.
- Les francophones unilingues : 28% pour, 24% contre.
Au vu de ces trois facteurs (secteur, origine, compétence linguistique), les résultats concernant les attitudes apparaissent comme logiques : sur le BAB le pourcentage de ceux qui sont favorables à la langue basque est faible (32%) et à l'intérieur du pays ce pourcentage est bien plus élevé (51%). Cependant en prenant les valeurs absolues sur le BAB 31.700 habitants soutiennent la promotion du basque à comparer aux 46.500 labourdins favorables c'est-à-dire bien plus que les 16.800 habitants favorables de Basse-Navarre et Soule. Il faut voir avec lucidité où sont les forces favorables à la langue basque.
En fonction de lâge, cest chez les 65 ans et plus que les attitudes favorables à la promotion de la langue basque sont au plus haut (52 %) et les attitudes défavorables au plus bas (11%). Par contre c'est chez les plus jeunes qu'on trouve la proportion dattitudes favorables la plus faible (35%) et la proportion d'aptitudes défavorables la plus haute (25%). Il semble que le désir de soutenir l'enseignement et l'utilisation du basque ne va pas en augmentant chez les jeunes. La preuve est faite que si on ne développe pas la motivation positive à l'égard de la langue basque, la politique linguistique n'aura pas des effets positifs durables.
- Contribution: Erramun Bachoc
(12-02-2009)