Thierry Biscary est né à Saint-Jean-Pied-de-Port le 29 août 1976. Il a grandi dans la ferme familiale à Anhaux (Basse-Navarre). Très jeune, il intègre une chorale et s'éloigne de ses études de commerce pour chanter de village en village au sein de diverses formations musicales. Il collabore également à de multiples projets artistiques, comme le groupe Kalakan pour lequel il crée des mélodies et chante. Nous avons évoqué son besoin de créer, la tournée internationale de Kalakan, mais aussi de l'audace qu'il faut parfois montrer au moment de prendre des décisions.
Comment vous-est venue l'envie de créer ?
À vrai dire, je ne sais pas. Il me semble que j'ai depuis très longtemps le goût du chant, mais il est vrai que l'envie de créer a toujours été plus importante pour moi. Par contre il m'est impossible de dire d'où cela vient. C'est une bonne question. J'ai débuté jeune dans une chorale, puis on m'a demandé de faire un essai dans un groupe pop-rock et c'est là que j'ai réalisé que j'étais capable de créer des mélodies sur quelques accords de guitare. Cela a été une découverte et une grande joie aussi. J'avais 16 ou 17 ans à cette époque, c'est devenu un jeu et depuis je ne me suis jamais arrêté. Je compose des mélodies, je les garde, je fais des chansons, et j'apporte mes pièces aux compositions des groupes dans lesquels je joue. J'ai toujours été dans un groupe, cela me plaît.
Vidéo de l'entretien (en basque)
Vous avez aussi eu l'occasion d'approcher beaucoup d'artistes à Garazikus.
À la fin de mes études de commerce, j'ai vite réalisé que ce n'était pas vraiment ma voie. On m'a alors proposé un travail au sein de l'association qui gérait le cinéma de Saint-Jean-Pied-de-Port. C'était une création de poste et les missions n'étaient pas très précises. J'ai donc fait un peu de tout, projectionniste, médiateur culturel, présentateur d'expos etc. Grâce à ça, j'ai appris à faire des choses très différentes, dans le domaine de l'organisation du travail, savoir comment mener une réunion, créer et mener un projet à bien, mais également recevoir les artistes, organiser des résidences d'artistes, et beaucoup d'autres choses. Ce mélange d'expériences m'a été très profitable pour la suite. Dans ma vie, j'aime que les choses soient horizontales, c'est à dire savoir bouger dans divers domaines, pouvoir comprendre aussi bien un vendeur de fromages qu'un chef d'entreprise, j'aime bien cela.
Puis, micro à la main, vous avez chanté dans différents groupes.
J'aime que les choses soient horizontales, savoir bouger dans divers domaines.
Oui en effet, jusqu'en 2017, je n'ai été que dans des groupes, pour faire de la musique ou pour d'autres projets. En ce moment, ici à la salle Larreko de Saint-Pée-sur-Nivelle, je travaille avec la compagnie de danse EliralE, je fais un travail de production et j'aime bien ça, travailler avec d'autres, ne pas rester dans mon monde. J'ai même besoin de ça. J'aime le travail en commun.
Mais il est vrai que ces derniers temps j'ai aussi le sentiment que c'est peut-être le moment de faire des choses seul. Je travaille en effet plus en solitaire. Petit à petit je fais mes choses. Je vais bientôt enregistrer mon premier disque en tant que musicien, j'ai aussi créé mon entreprise.
Vous avez un style de musique préféré ?
Je dirais que ce que je retrouve dans tout mon travail, c'est un style populaire. Je n'ai pas étudié la musique, j'ai tout appris en mode autodidacte et je continue dans cette même voie, j'apprends entouré de gens, avec le bon côté et le moins bon.
J'aime bien travailler avec les autres, ne pas rester dans mon monde.
J'ai certes été vers des styles différents mais je n'ai jamais joué de heavy metal, de jazz ou de musique électro, je suis toujours resté dans le pop-rock. Je fais de la musique folk aussi, j'ai fait du chant traditionnel même si ce n'était pas exactement ce que je cherchais. Mais, à force que des personnes comme les sœurs Labèque ou d'autres proches me répètent que j'avais la connaissance et la capacité d'aller dans cette voie tout en me questionnant sur le pourquoi je ne les utilisais pas, j'ai enfin pris conscience et accepté ce fait, et je m'y suis mis. J'étais comme Obélix, je suis né là-dedans et je n'y prêtais donc pas grande attention. C'est vrai que c'est important et que cela a de l'importance dans mon parcours. Mais pour revenir à la question du début, pour moi le plus important c'était créer et c'est toujours ainsi. Je ne sais pas expliquer pourquoi mais je dois créer.
Mais attention, créer est un bien grand mot ; en effet, combien sont ceux qui créent vraiment, quelque chose de vraiment nouveau, sans référence aucune ? Ce que moi je crée possède déjà des milliers de références, donc ce n'est pas vraiment de la création mais plutôt une relecture je dirais.
Que pensez vous du patrimoine immatériel ? C'est important ?
C'est un sujet très vaste et très compliqué. C'est évident qu'il faut conserver quelque chose. Lorsque j'ai commencé à travailler dans le chant traditionnel, heureusement j'ai eu accès aux archives d'un centre comme Eresbil, un vrai trésor, et à beaucoup d'autres recueils de chansons de ce genre comme celui de Sü Aziak en Soule, qui ont été constitués à différentes périodes. Ce matériau nous est aujourd'hui accessible. Grâce à cela on peut aussi se rendre compte quand quelqu'un s’approprie une chanson traditionnelle en disant que c'est la sienne. Oui cela arrive, des gens qui reprennent une chanson traditionnelle puis se l’approprient en disant à la SACEM que paroles et mélodie sont d'eux, on pourrait citer des noms.
Donc oui, je trouve important d'archiver les choses, et pas seulement pour connaître la propriété des créations mais aussi pour réaliser que ce que nous sommes. Ce que je suis, provient de quelque part, il y a une origine et cela a de l'importance. Mais par ailleurs, pour moi ce n'est pas toujours la source qui importe le plus mais c'est plutôt ce que je vais faire de cette chanson, ce qu'elle devient. Nous vivons aujourd'hui. Avec le groupe Kalakan, par exemple, on ne se voyait pas chanter les 15 couplets d'une chanson aujourd'hui. Moi je parle de la chanson ici mais le patrimoine comporte beaucoup de volets.
Vous avez collaboré à beaucoup de projets artistiques très différents.
J'aime les choses nouvelles alors lorsqu'une occasion surgit, si je peux, je le fais. Dans le cas des sœurs Labèque, par exemple, notre rencontre est le fruit du hasard. Nous enregistrions le Boléro de Ravel pour la chaîne Arte au kiosque de Saint-Jean-de-Luz. Cet enregistrement n'avait rien à voir avec le projet Labèque. Mais ce jour là un directeur s'est approché de nous pour nous demander d'aller à Anglet enregistrer pour les sœurs Labèque. Nous sommes allés à ce rendez-vous, nous avons enregistré sans même savoir qui étaient les sœurs Labèque. Ce n'est qu'un an plus tard que j'ai réalisé qui elles étaient. Mais ma porte est restée ouverte et elles nous ont demandé de jouer à la txalaparta. Là aussi nous l'avons fait, tout comme pour d'autres collaborations qu'elles nous ont proposées par la suite. À ce moment là, j'étais sur le point d’arrêter la musique pour démarrer un projet totalement différent à la maison. Mais, deux ans plus tard, les sœurs Labèque sont revenues vers nous pour concrétiser le projet de tournée précédemment évoqué, et ça s'est fait. Et c'est là que que j'ai décidé que je voulais être musicien et que tout a commencé. J'étais prêt. Mon parcours professionnel de ces dix dernières années a démarré là. C'est à ce moment que j'ai décidé d'écarter les différents projets qui tournaient dans ma tête, comme celui de reprendre la ferme ou de me tourner vers un projet touristique, et d'assumer le don offert par la vie et de devenir musicien. C'était évident pour tout le monde, sauf pour moi. À l'instant où j'ai assumé cela, tout s'est ouvert. Et grâce à la pointe d'audace que j'ai, pour essayer des choses, pour rencontrer des gens. J'ai vécu toutes ces choses qui me sont arrivées, avec les sœurs Labèque et bien d'autres.
Votre collaboration avec Madona a eu un grand écho. Quel est le meilleur souvenir que vous en gardez ?
Le plus impactant a été de voir comment l'industrie crée un spectacle du début à la fin.
Pour poursuivre le même fil conducteur, le plus impactant pour moi a été de voir le processus créatif, de pouvoir voir comment l'industrie crée un spectacle du début à la fin. Pour moi, les trois premiers mois du travail de création ont été les plus intéressants ; voir les moyens dont ils disposent, les différents métiers présents, tout le travail technique, l'espace donné à la création. Je me rappelle très bien comment ils répétaient sans cesse aux danseurs : "allez-y dansez ! Faites ce qui vous sort des tripes". Puis tous les jours, on ne les arrêtait plus, ils dansaient partout, vraiment c'était impressionnant. Puis il y a eu la tournée, là aussi c'était impressionnant, le nombre de lieux que l'on a visité... On a vraiment profité. Mais, c'est surtout au moment de la création que je me suis réellement senti privilégié.
Et quel a été l'aspect plutôt négatif de cette expérience ?
Hormis le talent, il y a la motivation et les sacrifices personnels que l'on est prêts à faire pour faire partie du système, comme Madona.
Ce que j'ai pu voir avec Madona, c'est à dire pour que Madona se trouve au sommet de l'industrie musicale, c'est avant tout un choix de vie. Il y a du talent certes, mais comme elle-même dit souvent : "Le talent nous l'avons tous, mais il n'y a pas que ça" et elle a raison. Hormis le talent, il y a aussi la motivation et les sacrifices personnels que l'on est prêt à faire pour faire partie de ce système, c'est clair. Le cas de Madona est impressionnant, mais en ce qui me concerne, j'en ai conclu que ce n'est pas ce à quoi je prétends. Pour moi c'est un trop grand sacrifice, surtout maintenant que je suis papa de deux enfants. Même si j'ai vu Madona avec ses enfants, un peu partout et n'importe où ! Ce n'est pas pour moi. Il y a par ailleurs un autre point essentiel, celui d'être disposé ou pas à faire partie de cette industrie, car l'industrie a ses propres règles et il faut donc les assumer, les respecter. Et moi je suis un fils de paysan.
J'aime bien comparer l'agriculture et la culture, il y a beaucoup de choses à dire. Lorsque je parlais de culture avec mon père, je faisais le parallèle avec le processus de fabrication d'un fromage. Dans le monde industriel, un fromage doit avoir le même goût de janvier à décembre, peut importe ce que mange la brebis etc. Et pour atteindre cet objectif, il faut adopter une façon de faire que ni vous ni moi n'allons assumer car nous sommes trop changeants. C'est par conséquent compliqué, et ma philosophie m'interdit de rentrer là-dedans, du moins pour l'instant.
Les plus grandes stars auraient-elles besoin de petites lumières pour s'inspirer ?
Je dirais plutôt que l'industrie a besoin d'artisans, mais aussi, dans un certains sens, que les artisans ont besoin de l'industrie. De nos jours, par exemple, l'industrie propose un tas de produits biologiques alors que jusqu'à il y a peu, ce sont les petits producteurs qui étaient dans le bio. Mais maintenant l'industrie en a besoin pour avoir une autre source financière certes, mais il n'y a pas que ça. L'industrie produit toute l'année le fromage au même goût mais elle a aussi connaissance du fromage du berger qui a un bon goût. L'industrie le veut aussi. Elle est donc, dans une certaine mesure, obligée d'aller vers le berger pour avoir plus de goût. D'un autre côté, l'artisan a aussi besoin d'une certaine façon de s'approcher du milieu industriel pour pouvoir perfectionner sa technique.
Maintenant, vous êtes Manez, entouré des Kobreak, des cuivres. Racontez-nous.
Manez eta Kobreak est né pour diverses raisons. La première est en rapport avec la chanteuse Björk. Je l'ai vue en 2004 avec une formation musicale de ce genre et cela m'a interpellé. J'ai trouvé ça moderne et je me suis dit que l'on pouvait faire ce genre de musique ici aussi. Nous avons des chanteurs et nous avons des bandas et beaucoup de formations de cuivres. Alors pourquoi ne pas mélanger les deux ? C'est là que m'est venue l'idée. Du moins c'est ce que je disais à la sortie de l'album, mais depuis j'ai appris autre chose. J'ai appris qu'avec ce travail, j'ai aussi fait une thérapie. J'ai appris qu'avec ce disque, j'ai évoqué une époque passée de façon artistique et que Manez eta Kobreak a été une manière de surmonter un drame personnel. Voilà. Par conséquent, ce travail a une fin. J'ai le sentiment que cela appartient maintenant au passé et que ma vie actuelle ne correspond plus à cela. J'ai fait des choix et ceux-ci m'ont entraîné vers un autre chemin, maintenant je ne veux plus vivre dans le passé. En fait, Kobreak viennent du milieu paternel. À Anhaux vivait le directeur de l'Orchestre Ramuntxo et mon père aimait beaucoup ce groupe. Il y a donc influence évidente. Puis il y a le chant populaire, la messe, les bohémiens, tout un monde qui m'a été transmis parce que j'étais le fils aîné, l'héritier, et je ne savais pas quoi faire de tout ça. Tout cela était inclus dans un "pack", le "pack" de la maison. Et lorsque j'ai choisi de ne pas reprendre la ferme familiale pour devenir musicien, je ne savais pas quoi faire avec tout ça, et j'ai fait le disque. Maintenant, j'ai l'impression que c'est le moment de laisser tout ça.
Vous trouvez que les artistes vivent bien au Pays Basque ?
Pour faire partie de cette industrie, il faut respecter ses règles, et moi je suis un fils de paysan.
Lorsque j'ai commencé à chanter, le basque était à la mode. À l'époque on pouvait voir des groupes du Pays Basque sud avec des budgets immenses dans un village comme Saint-Michel. Dans nos petits villages de l'intérieur, des bus entiers venaient assister aux concerts. Maintenant quand j'y pense, je me demande comment c'était possible, mais ça se faisait. J'ai débuté à cette époque, c'était génial pour nous. J'ai commencé à faire des bals, je faisais des versions de Negu Gorriak, Hertzainak, Gozategi et d'autres groupes à la mode. Mais tout ça s'est effondré. Il y avait une faim à cette époque et même si elle n'a pas complètement disparu, elle s'est amoindrie. Par conséquent aujourd'hui c'est plus compliqué d'être artiste. Mais peut être cela s'est-il aussi équilibré ? Certains continuent et beaucoup ont arrêté. C'est un peu comme le photographe avec qui j'étais hier, avant il ne faisait que ça et aujourd'hui il n'est photographe qu'à mi-temps. N'importe qui aujourd'hui fait des photos, des vidéos - je ne parle pas de la qualité - mais tout le monde peut le faire. Je crois que les gens sont perdus. Nous sommes un peu perdus dans cette masse, dans ce grand océan appelé Internet. Je suis perdu et nous sommes perdus en tant que Basques. Beaucoup de nouveautés sont présentées à Durango, mais combien en vend-on ? Sommes-nous des consommateurs ? Je crois plutôt que non, pas vraiment. Les disques se vendent après le spectacle, mais pas en magasin. On croit que la musique est gratuite et ce n'est pas facile d'expliquer le contraire. Moi aussi j'utilise Spotify, je paye 10 euros par mois mais avec cela, je ne paie pas vraiment ce que j'écoute. J'espère que tout cela va se rééquilibrer, ce système ne peut pas durer, du moins de mon point de vue de chanteur. Pour en revenir à la question, au Pays Basque être artiste c'est difficile. Je ne pleure pas, mais c'est dur.
Vous avez suivi des études de commerce. Il faut savoir bien vendre pour vivre de son art ?
Je dirais que l'industrie a besoin d'artisans, mais que les artisans ont également besoin de l'industrie, dans un certain sens.
Je crois que là aussi le talent ne suffit pas. Il faut savoir faire beaucoup de choses pour bien se vendre. C'est un fait mais être un bon commercial ne suffit pas. Un bon commercial sait vendre n'importe quoi. Moi non, je vends plutôt bien ou je défends bien ce que je fais car ça vient de l'intérieur, c'est quelque chose que j'ai créé donc c'est facile pour moi. Par contre défendre le travail d'autrui n'est pas évident. Puis il faut arriver à convaincre. Mais combien y a-t-il vraiment de personnes intéressées ? On aborde là un autre sujet, celui du nombre de personnes qui peuvent s’intéresser à nos propositions. Que veut réellement proposer l'organisateur de concert ? Il veut une réelle proposition artistique ou simplement quelque chose qui brille ? Il y a là aussi beaucoup à dire. Par exemple en 2011 à Zamudio, nous avions 30 personnes pour un concert de Kalakan. En 2013, à notre retour de la tournée avec Madona, 700 personnes avaient fait le déplacement pour nous voir. Kalakan n'avait pas vraiment changé en un an... Une réflexion s'impose.
Que pensez-vous du paysage musical actuel en Pays Basque ?
Il est évident pour moi qu'il faut sortir du Pays Basque.
Je dirais que la situation n'est pas très bonne, mais ce n'est qu'une sensation. En vérité je n'en sais trop rien. Par ailleurs il est évident pour moi qu'il faut sortir du Pays Basque. C'était déjà une évidence quand nous avons créé Kalakan avec Paxkal Indo. Et je pense toujours la même chose. Pour moi nous avons une bonne ouverture à l'extérieur.
Bien sûr notre public naturel se trouve ici, au Pays Basque, mais je pense aussi que nous devons sortir d'ici, pour élargir notre public et aussi parce que cela fait du bien. Cela me fait du bien d'entendre une personne à l'étranger me dire qu'elle aime ma musique. Nous doutons souvent ou du moins je doute lorsque le public est peu nombreux aux concerts. C'est pourquoi quand on sort à l'étranger et que l'on voit des gens s'émouvoir, pleurer en nous écoutant, cela fait quelque chose. Et dans ces cas-là ça n'a rien à voir avec la langue basque, c'est uniquement l'art. Et il y a encore des personnes qui sont sensibles à cela, mais il faut aller les chercher et ça c'est du travail. Oskorri ou d'autres artistes comme Kepa Junkera ont travaillé loin d'ici, et sans passer par Madona. Il y a des gens qui s’intéressent aux choses nouvelles, qui écoutent encore des choses non formatées par l'industrie musicale. Oui, il y a des gens qui apprécient cela simplement, sans a priori. Notre culture est une goutte d'eau, ou plutôt est devenue une goutte d'eau car c'est vrai, nous avons perdu des auditeurs. Mais tout cela va se rééquilibrer, ce n'est pas possible autrement. Comme c'est arrivé avec la nourriture qui venait de l'autre bout du monde ; c'est à dire que certains ont réalisé que souvent on pouvait consommer la même chose, localement. Les choses changent peu à peu, et si ceux qui vont dans cette direction sont souvent des jeunes, c'est parce qu'ils y croient. Moi aussi j'y crois. Donc culturellement aussi, on trouvera un équilibre.
Pour finir, j'ai lu votre réponse à la question que l'on ne vous avait pas posée. Vous croyez au pouvoir des "sorgin" (sorcières) ?
C'est une sorcière qui m'a dit que c'était moi qui pilotait ma vie, et non les autres. Ces mots ont fait la différence dans ma vie.
Je ne connais pas bien le monde des croyances, mais il y a vraiment une "sorgin" dans ma vie, je ne vais pas donner son nom mais elle existe. Elle m'a d'ailleurs beaucoup aidé. C'est elle qui la première m'a dit que c'était moi qui pilotait ma vie, et non pas les autres. Et ces quelques mots ont fait la différence dans ma vie. À partir de ce moment là, tous mes choix ont été fondés sur cette idée que j'avais ma vie entre mes mains. Cela a tout changé, comme le fait de refuser d'endosser le rôle d'héritier de la maison, ou encore le fait de laisser Kalakan. J'ai pris conscience que, lorsque je n'étais pas à l'aise quelque part ou lorsque je prenais une voie que je ne sentais pas, je n'avais qu'à admettre la situation et prendre un autre chemin. Un autre chemin qui me fera peut être réaliser dix ans après que ce n'était pas le bon non plus, mais ça, on le découvre une fois le chemin parcouru. Lorsque j'ai fait le chemin de Compostelle j'ai pu à nouveau constater que l'important ce n'était pas l'arrivée à Compostelle mais plutôt le chemin parcouru. On apprend beaucoup sur ce chemin, et je suis en train d'apprendre, même si parfois je suis en colère parce que j'ai l'impression de perdre mon temps. Mais j'ai appris, c'est donc une bonne chose.