Depuis 1924, la Maison Dagourette, demeure bourgeoise du XVIème siècle, abrite le Musée Basque et de l'histoire de Bayonne. Rafael Zulaika (1963, Donostia) en est le directeur depuis deux ans. En sa compagnie, nous avons visité les différentes salles de ce musée emblématique.
Le Musée Basque et de l'histoire de Bayonne accueille la plus importante collection ethnographique consacrée au Pays Basque. Après quelques années de fermeture, le Musée, rénové, a rouvert ses portes en 2001, mettant en scène 2 000 objets répartis en 20 salles thématiques. La collection permanente est enrichie d'expositions temporaires, mais aussi d'animations culturelles diverses.
Nous vous proposons une visite guidée du Musée Basque de Bayonne en compagnie de son directeur Rafael Zulaika (ancien directeur du Musée San Telmo de Donostia). Voici quelques extraits de l'entretien qu'il nous a offert en juillet 2009.
"Au début du parcours, le visiteur trouvera l'évocation de l'art funéraire basque, un bon point de départ pour nous souvenir qu'au-delà de notre condition terrestre, il y a l'Eternité et l'Esprit, notions très importantes au Pays Basque. Nous passons ensuite aux collections concernant les activités rurales : l'agro-pastoralisme, les outils agricoles, les produits artisanaux (fabrication du fromage, chasse, vendange, tonnellerie, chocolat artisanal). Ici aussi, il faut avouer que comme dans les autres musées, il est difficile de présenter les collections sans échapper aux clichés et stéréotypes.
"Au premier étage, nous présentons la maison basque, son architecture ainsi que tout ce qui compose son intérieur. Les collections permanentes sont parfois enrichies de collections temporaires : en ce moment, nous exposons de la vaisselle en céramique fabriquée à Samadet dans les Landes, qu'un collectionneur privé nous prête pendant deux ans. En continuant la visite, place est faite aux métiers traditionnels : fabricant d'espadrilles, de makila, tisserand, ... Là, s'arrête la partie consacrée à la vie domestique.
"Deux fleuves traversent la ville de Bayonne : l'Adour et la Nive. Il existe une batellerie très spécifique et intéressante sur l'Adour. Elle est illustrée par des maquettes et aussi deux bateaux grandeur nature. Leur présence crée l'attraction au musée. Nous aimerions symboliquement lier davantage ces bateaux et la Nive toute proche. Nous évoquons aussi l'Histoire maritime basque avec, entre autres, des objets utilisés pour la pêche à la baleine".
"Le Musée Basque étant lié à l'histoire de Bayonne, une salle entière est dédiée à la ville : une grande maquette en plan relief la reconstitue telle qu'elle apparaissait en 1700. La ville a tellement changé, en particulier la cathédrale, que le public a du mal à s'y référer. Vous savez, je suis directeur du Musée depuis deux ans. Le Musée doit évoluer, s'améliorer, il doit vivre. Mon projet est de rendre cette maquette plus didactique et plus claire. Une autre salle est consacrée au commerce, montrant la diversité communautaire de Bayonne. Nous découvrons, par exemple, la présence et l'apport de la communauté juive dans une autre salle.
"En montant au dernier étage, les fêtes, jeux et rites religieux populaires liés à la culture basque sont abordés. En accord avec le conservateur, nous avons enlevé les collections concernant l'Histoire de Bayonne et du Pays Basque nord aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles pour dédier ainsi 300 m² aux expositions temporaires".
"Cet été, nous proposons deux expositions totalement différentes.
La première, ancrée à Bayonne, couvre la côte basque et landaise d'Hendaye à Hossegor. Nous présentons le travail et les oeuvres des deux frères Gomez, l'un architecte, l'autre décorateur d'intérieur durant une cinquantaine d'années (1905-1959). Ils ont construit des établissements publics, mais aussi des demeures et villas bourgeoises. Faisant partie de la communauté juive bayonnaise, on ne peut pas dire qu'ils étaient basques. Mais ils ont adapté le style "Art Déco" français et mondial, et créé un nouveau style régional, le "Néo-basque". Nous nous sommes appropriés l'architecture et la décoration des frères Gomez. C'était une nouveauté qui, à présent, est une tradition culturelle. Je voudrais dire un mot sur la devise de Benjamin Gomez : "Lehen hola, orain hola, gero ez dakit nola" ("Hier ainsi, aujourd'hui comme cela, demain je ne sais comment"), ciselée dans bon nombre d'oeuvres. "Lehen hala", c'est la tradition ; "orain hola", les nouveautés viennent enrichir ce patrimoine et "gero ez dakit nola", à mon goût, le témoin de la création est passé aux jeunes : ne t'arrêtes pas au présent et toi aussi crées".
"Grâce à cette exposition, l'été est vraiment riche au Musée Basque. « Batekmila, Les Mondes basques », l'exposition de l'Institut culturel basque occupe une salle de 100 m². Elle enrichit notre offre surtout grâce au multimédia, que nous avons peu l'occasion de proposer. Les contenus exposés s'appuient sur la création dans de nombreux domaines du patrimoine immatériel, du chant, de la musique à travers des vidéos, très intéressantes...Le public est appelé à être acteur de sa visite dans cette expo interactive. Elle est multilingue : en basque, français, espagnol et anglais".
"Espérons qu'avec tout ceci, les visiteurs pourront mieux connaître la culture basque, et aussi s'enrichir personnellement, qu'ils soient touristes ou autochtones. Bien souvent, nous-mêmes, nous ne connaissons notre propre culture.
Le Musée est ouvert du lundi au dimanche ainsi que les jours de fête, de 10 heures à 18:30 heures. En dehors des expositions, nous organisons des animations (conférences, ateliers de création, concerts). Le programme est disponible sur notre site internet. Notre but, c'est que le Musée Basque vive".