Originaire de Masparraute (née en août 1988), c'est au Lycée de Saint Jean Pied de Port que Maryse Urruty monte sur les planches pour la première fois, sous la houlette de Antton Luku, comme beaucoup d'autres jeunes de Basse-Navarre. Elle part ensuite à Toulouse faire Sciences Politiques et ce n'est qu'après l'obtention d'un master qu'elle décide de suivre sa passion pour le théâtre. Elle rejoint l’École du Jeu à Paris et crée sa propre compagnie, tout en collaborant avec d'autres artistes. De retour au Pays Basque, elle travaille maintenant ici, avec différentes compagnies et avec l'envie de jouer en langue basque.
Les planches vous ont attirée dès le plus jeune âge.
Oui, j'ai commencé sérieusement le théâtre au Lycée de Saint Jean Pied de Port avec Antton Luku. Il était exigeant avec nous, il avait beaucoup de patience mais ses objectifs étaient clairs, il savait ce qu'il voulait. Ses cours de théâtre étaient un peu comme son laboratoire. A l'époque on ne se rendait pas bien compte mais à présent je réalise que c'était vraiment une expérience très forte et superbe. Récemment j'ai pu visionner la vidéo de Globokop, un spectacle que nous avions présenté à l'époque et vraiment le résultat est très bon. Nous sommes quarante sur scène, l'histoire est bonne, il y a du mouvement, vraiment c'est du bon travail et nous n'étions qu'au lycée ! Il nous avait mis sur la bonne voie, vraiment.
Vidéo de l'entretien (en basque)
Comment s'organise votre emploi du temps ?
Je dirais qu'il y a deux parties distinctes dans ce travail. Il y a tout d'abord le montage des pièces de théâtre à proprement parler, en partant de la réflexion autour du type de création, la production, jusqu'à la présentation de celle-ci.
Pour Antton Luku, les cours de théâtre étaient un peu comme son laboratoire. Maintenant, je réalise que c'était vraiment une expérience très forte et superbe. Il nous a vraiment mis sur la bonne voie.
D'un autre coté, il y a le travail de transmission. Les ateliers sont très importants à mes yeux, je vais dans les écoles pour montrer ce que j'aime faire. Ce travail de médiation me paraît indispensable car il y a un vrai partage. Lorsque les élèves viennent voir un spectacle, il n'y a pas cet espace d'échange que l'on peut avoir lorsqu'on fait un travail sur douze heures dans un établissement scolaire, où l'on peut mieux connaître les enfants et savoir ce qu'ils ont retenu ou pas du spectacle. Ce moment est génial.
Lorsque je suis en phase de création, il m'arrive de répéter dans les écoles.
Pour la création de la pièce Il était une fois Internet, après l'écriture du texte, nous sommes allés le lire dans une salle de classe afin de voir ce que les enfants saisissaient ou pas. C'est important de consulter le public dès le départ. Sur scène on ne doit pas oublier que l'on est là pour le public. Ces aller-retours sont donc importants pour moi. Enfin lorsque le travail de création touche à sa fin, nous proposons aussi des répétitions générales dans des écoles afin de voir la réaction des enfants.
Je vais dans les écoles pour montrer ce que j'aime faire. Ce travail de médiation me paraît indispensable, il y a un vrai partage.
Un jour à la fin d'une présentation du spectacle Il était une fois Internet un élève nous demanda pourquoi on ne rajoutait pas un petit résumé à la fin. C'était une très bonne idée que nous avons suivi en rajoutant un passage à la fin du spectacle. Le théâtre est toujours vivant, à chaque spectacle, il se passe passe quelque chose de différent. Selon le public on peut changer des petites choses parfois afin de le rendre encore plus vivant.
J'aime cette idée du fil entre les artistes et le public. Le fil doit être toujours tendu pour que le travail fonctionne bien. Si quelqu'un lâche le fil, quel que soit le coté, le résultat ne sera pas aussi bon. Le fil doit être tendu des deux cotés et c'est ce qui me plaît dans le théâtre.
Le théâtre est aussi un bon moyen pour exprimer ses réalités.
Le théâtre ce n'est que ça en fait, l'art ce n'est que ça. C'est un moyen pour décrire le Monde, pour s'exprimer.
J'aime cette idée du fil entre les artistes et le public. Le fil doit être toujours tendu des deux cotés pour cela fonctionne bien ; c'est ce qui me plaît dans le théâtre.
Si tu ne fais pas cela sur scène, tu ne sais pas ce que tu es en train de faire, c'est très important. Une bonne histoire doit résonner en toi, elle provoque une réflexion de retour à la maison. Pour moi c'est le plus important.
Vous vous produisez en langue basque et en français sur scène… Quelle est votre relation aux deux langues ?
Le basque est ma langue maternelle que j'ai d'abord perdue et que je suis en train de me réapproprier maintenant. J'ai par ailleurs commencé à faire du théâtre en basque, c'est par conséquent très fort pour moi de jouer en basque, c'est un vrai plus.
Dans mon parcours professionnel, c'est important de jouer ici. C'est vraiment différent pour moi, je ne sais pas pourquoi.
J'ai le sentiment de ressentir un peu plus les choses lorsque je joue en basque, cela vient de l'intérieur ; c'est difficile à expliquer.
Peut-être parce que chaque langue a ses propres lois, sa propre prononciation, sa propre façon de présenter les choses et en tant que comédienne, il est indispensable de ressentir cela afin de pouvoir le transmettre au public. J'ai le sentiment de ressentir plus les choses lorsque je joue en basque, cela vient de l'intérieur ; mais c'est difficile à expliquer pourquoi.
Le Collectif Axut ! a vu le jour afin d'aider la création de pièces en euskara. La profession s'organise ?
Il y a une vraie force au Pays Basque, on peut faire du théâtre n'importe où, il y a une vraie volonté de réaliser des choses ici, en basque et c'est très important. La naissance du collectif Axut ! est vraiment positive et ils font vraiment du bon travail. Quand tu travailles dans ton coin, c'est vraiment bon de voir des gens comme cela.
Le théâtre, c'est un moyen pour décrire le Monde, pour s'exprimer. Si tu ne fais pas cela sur scène, tu ne sais pas ce que tu es en train de faire.
Par ailleurs, il y a une vrai demande pour le théâtre en langue basque, tout particulièrement pour le jeune public ; il y a beaucoup d'enfants dans les ikastola et il y a un vrai besoin de spectacles pour ce public.
Vous allez souvent au Pays Basque sud ?
Je commence à y aller, mais le fonctionnement est très différent. Ici le régime de l'intermittence change beaucoup de choses dans le quotidien des artistes. Nous n'avons pas les mêmes conditions.
Il est toujours bon d'avoir des ponts et j’espère qu'il y en aura de plus en plus afin de créer des projets en commun. C'est nécessaire pour le Pays Basque.
Quel est le projet de vos rêves ?
Mon projet rêvé ? Ce serait peut être de faire un travail autour de la femme, avec beaucoup de femmes sur scène, en langue basque. Étant moi-même féministe, j'aimerais bien.