Debrutegia, c'est le nom du local de l'association Ote Lore, près du fronton à Larressore. Nous y avons retrouvé Arantxa Hirigoyen (Bayonne, 1974), professeure au Lycée Etxepare de Bayonne, qui a décidé de ranger ses cours pendant un temps afin de démarrer une nouvelle expérience professionnelle. Avec le collectif Axut !, elle propose maintenant des ateliers et d'autres actions autour du théâtre en milieu scolaire. Elle nous parle aussi d'éducation, de famille, des jeunes, et nous raconte son parcours déjà bien rempli.
Vous baignez dans le monde culturel depuis très jeune. Racontez-nous votre parcours.
Oui, je me suis impliquée très jeune en faveur de la culture basque, c'était la dynamique à la maison et mes parents m'ont poussé dans ce sens. Comme beaucoup de jeunes à l'époque, j'ai d'abord appris le txistu et j'ai aussi fait de la danse basque avec le groupe Izartxo d'Ustaritz, car ici à Larressore, il n'y avait pas de groupe. J'ai ensuite intégré l'association Ote Lore que mes parents ont crée avec d'autres amis du village. Maintenant, je suis membre à part entière et nous organisons diverses manifestations culturelles en lien avec la langue et la culture basques bien évidemment. Notre objectif est de proposer différentes expressions de notre culture, en faisant venir des bertsularis, (improvisateurs), du théâtre, des concerts, etc. C'est vrai que j'ai toujours baigné dans cette ambiance, c'est comme une évidence pour moi. Dans les années 80, beaucoup d'associations culturelles ont vu le jour dans beaucoup de villages ; il y avait un vrai besoin de créer des lieux pour se retrouver, se réunir. C'est aussi à cette époque que le "Lapurtarren Biltzarra" (le rassemblement des Labourdins) a vu le jour à Ustaritz, pour réunir ces associations une fois par an. Je m'en souviens comme des moments revendicatifs. À cette époque, organiser un "kantaldi" (concert en langue basque) ou un autre événement du même genre était une action revendicative. De nos jours, la culture basque est plus acceptée, même si la situation reste toujours difficile. Oui, j'ai vécu cette ambiance militante.
Vidéo de l'entretien (en basque)
Aujourd'hui, l'association Ote Lore a fêté ses 35 ans et continue d'organiser ses rendez-vous traditionnels. Ils sont par ailleurs plus important que jamais, car le village se développe de plus en plus, avec de nouveaux habitants qui viennent de l'extérieur. C'est pourquoi nous devons garder nos traditions, nos rendez-vous et donner sa place à la langue basque bien sûr.
La langue basque occupe une place importante dans votre vie.
Oui, c'est une évidence. Je suis basque, je parle en basque et cette langue a clairement une place très importante dans ma vie, et ce dès le début. Mes parents ont choisi de m'inscrire à l'ikastola et j'ai suivi toutes mes études à Seaska, jusqu'en terminale. Puis, je souhaitais poursuivre mes études en langue basque ; j'avais donc la possibilité d'aller à la faculté de Bayonne mais l'époque des études étant généralement aussi celle où l'on a envie de partir de la maison, j'ai donc décidé d'aller à Saint-Sébastien pour y poursuivre des études de philologie basque.
Dans les années 80, organiser un "kantaldi" était une action revendicative.
Mon parcours par la suite, dans l'éducation ou ailleurs est toujours en lien avec le basque. J'ai toujours eu envie de travailler dans ma langue et j'y suis arrivée car à la fin de mes études, je suis retournée à Seaska, où j'ai enseigné le basque pendant 17 ans. J'ai donc enseigné le basque, en basque et je vis en basque, tout simplement.
Maintenant vous réunissez le basque, l'éducation et le théâtre pour une nouvelle aventure.
Oui en effet, je vais assembler les trois pour cette nouvelle étape. Après 17 ans passés à enseigner, j'ai décidé de faire une pause de un an pour travailler au sein du collectif Axut !. Ce collectif est né des mains des frères Manex et Ximun Fusch avec comme objectif de proposer un outil pour la création de théâtre en langue basque. Ma mission au sein du collectif consiste à créer un pont entre théâtre et éducation, à faire un travail de médiation, à proposer des ateliers autour du théâtre dans les écoles. Même si l'éducation et le théâtre sont deux mondes différents, nous pensons qu'ils sont très proches l'un de l'autre, ils ont besoin l'un de l'autre, car l'école est aussi un endroit de transmission où les élèves reçoivent beaucoup mais où ils donnent aussi beaucoup d'eux mêmes. À partir du moment où c'est un espace de transmission, l'art et donc le théâtre ont leur place à l'école.
Expliquez-nous ce que peut apporter le théâtre au sein d'une salle de classe.
La créativité apporte beaucoup à chacun de nous.
Les bénéfices sont nombreux, à plusieurs niveaux et ils sont reconnus comme très positifs, tout particulièrement chez les jeunes. Sur le plan corporel d'abord, pour l'attitude, la voix ; ils apprennent à s'exprimer en public, devant les autres élèves, ils prennent confiance en eux, cela favorise leur créativité et beaucoup d'autres choses. J'ai constaté une évolution stupéfiante chez certains jeunes entre le démarrage d'un atelier en septembre et le moment de la représentation en fin d'année. C'est en cela que je dis souvent que le théâtre est magique. Par ailleurs, nous savons que la société actuelle nous laisse très peu de temps pour penser, réfléchir et ce particulièrement chez les jeunes. Dans cet espace, cet espace intime, car on sait que le théâtre offre cet outil d'introspection, stimulant ou non selon les personnes, ils ont cette possibilité de se poser et cela est très bénéfique pour les jeunes et pour toute la classe aussi. On peut organiser un atelier avec les volontaires les plus motivés mais on peut aussi avoir une approche du théâtre avec toute une classe et culturellement parlant, c'est très important de faire connaître le théâtre mais aussi de le faire vivre en classe.
La créativité est importante au bon développement de l'enfant ?
Je disais tout à l'heure que nous vivons à cent à l'heure, nous sommes toujours pressés et si quelque chose nous déplaît nous passons de suite à autre chose. C'est tout particulièrement vrai chez les jeunes, nous sommes beaucoup à la constater chez nous. La créativité nous ouvre une porte pour s'extraire de cette réalité, pour penser, pour se poser autour de sujets précis, pour donner son avis, mais aussi pour mieux connaître le monde depuis le point de vue des jeunes, car c'est un espace où l'on peut encore parler de sujets très variés, débattre ou réfléchir ensemble, et c'est important, c'est indispensable dans notre société actuelle. Pour aller plus loin, je crois qu'il faudrait créer de vrais "laboratoires de créativité" au sein des établissement scolaires, comparables à ceux qui existent pour les cours de physique ou de biologie, afin de donner à l'art la place qu'il mérite dans l'éducation de nos enfants, et ce dès le plus jeune âge, dès la maternelle. Je ne dis pas que rien n'est fait, il existe déjà des projets très intéressants, mais je crois qu'il faudrait totalement intégrer cela dans le curriculum des enfants, pour que l'on puisse voir une évolution, de la maternelle au lycée. La créativité apporte beaucoup à chacun de nous.
L'éducation est-elle aussi importante pour développer la créativité des enfants ?
L'éducation offre des outils à la créativité de chacun, une meilleure maîtrise de l'oral, de l'écrit. Comme on l'a déjà souligné, l'éducation doit offrir un espace à la créativité. Un professeur peut aussi aborder ses cours avec une pointe de créativité, dans la façon de les présenter, de proposer des exercices ou des activités. Il fait ainsi d'une pierre deux coups, en travaillant l'aspect éducatif, la transmission et en offrant à l'élève l'occasion de montrer ses aptitudes ainsi que sa créativité ; on peut croiser le travail avec le jeu. Cela est faisable dans les cours de basque ou en langues, mais pourquoi pas en histoire ou en mathématiques ? Après, ce n'est pas toujours évident à mettre en place car le professeur est tenu de respecter un programme. Je crois qu'il y a de quoi faire à ce niveau, pour ouvrir un espace de liberté.
Le patrimoine immatériel n'est pas celui que l'on touche mais plutôt celui que l'on sent, comme la langue basque, le théâtre.
Personnellement, je connais le modèle de Seaska, je connais moins les autres modèles pédagogiques mais je crois qu'il y a manière à travailler, à développer, à apporter ce travail créatif ; c'est à nous de lui faire une place. Ensuite, il ne faut pas se leurrer, lorsqu'on voit les conditions actuelles, ce n'est pas facile de mener à bien certains projets, à cause du nombre d'élèves dans les classes ou d'autres difficultés, mais je pense que les élèves ont beaucoup à nous apporter. C'est incroyable de constater les facilités qu'ont nos élèves, ce sont de vrais créateurs, en musique, chant, danse, au théâtre, ... Il est donc très important de donner cet espace même si on peut débattre ensuite sur le fait de le proposer en salle de classe ou plutôt en extra-scolaire. Ce qui est clair c'est qu'il faut un espace créatif au sein des établissements scolaires, sans que ce soit quelque chose d'imposé. Parfois il suffirait aussi d'amener les élèves voir une pièce de théâtre ou un film en basque, voir une proposition qui ne soit pas que commerciale, puis travailler ensuite en classe autour de ce sujet ; c'est quelque chose qui se fait déjà souvent et qui rentre dans le champ de la créativité, c'est nécessaire pour les élèves.
Avec ce projet, vous allez aussi développer un travail de médiation.
Oui et je crois que c'est vraiment un travail nécessaire ; aller voir une pièce de théâtre ne suffit pas, il faut aussi l'étudier, avant ou après. La rencontre entre l'élève, le public, le comédien ou l'artiste fait que le travail trouvera un plus grand écho dans la classe. C'est pourquoi cet aspect fait partie des objectifs importants du collectif Axut !. Nous voulons proposer des outils aux enseignants, sous forme de dossiers pédagogiques. Nous avons justement préparé un de ces dossiers autour de la nouvelle pièce Zaldi Urdina. Les enseignants pourront se le procurer directement sur le site internet. Dans ce dossier, ils trouveront toute sorte de documents comme des bertsus, des articles, des reportages, des films etc. ayant un lien avec le sujet de la pièce. C'est une des manières de travailler une thématique avec les jeunes, mais on peut aussi aller plus loin en organisant une rencontre avec les comédiens, les écrivains, en allant voir une répétition, en menant une réflexion, ...
En tant qu'enseignante, j'ai vraiment senti l'absence de ce genre de matériel en langue basque. Pour les œuvres en français, on trouve beaucoup de dossiers à disposition, mais en basque rien ou quasiment rien et c'est quelque chose d'essentiel. Si on veut mener un travail autour d'une pièce, il faut procurer ces outils aux enseignants mais aussi aux élèves. Ce sera donc un des axes essentiels de notre travail.
Quelle est l'importance de la langue dans tout ça ?
Nous donnons toute son importance à la langue basque bien évidemment. Organiser ce genre d'ateliers dans notre langue est totalement bénéfique car les élèves voient d'abord que ce n'est pas uniquement une matière scolaire mais qu'ils peuvent aussi s'amuser, avoir du bon temps, créer, s'éclater en langue basque. Il est important de créer nos propres modèles pour que nos enfants puissent voir un film, une pièce, rêver et vivre en langue basque. C'est à nous de créer, de multiplier ces modèles pour que ce ne soit plus un événement, une exception que d'aller voir un film en basque. Il y a beaucoup de travail à réaliser mais nous devons avoir nos propres modèles si nous voulons vraiment un jour vivre en langue basque. En plus, avec nos propres modèles, nous raconterons notre histoire.
L'attention de élèves est-elle plus importante en classe ou à l'atelier théâtre ?
Je crois qu'ils préfèrent les ateliers aux cours, mais cela dépend aussi de la manière dont un professeur mène son cours. Je trouve en effet qu'il peut y avoir beaucoup de similitudes entre la manière de donner un cours et le théâtre. Vous arrivez à une heure précise, votre public est là, vous devez garder son attention, même si parfois l'élève préférerait se trouver ailleurs. Moi j'ai vécu les deux expériences, celle d'étudier une pièce en classe et celle d'organiser un atelier avec des volontaires. C'est vrai qu'en classe c'est des fois plus délicat à cause du nombre d'élèves mais aussi parce que tous ne sont pas toujours très intéressés et qu'ils perçoivent cela comme une imposition. Par contre en atelier extra-scolaire il est évident qu'une autre relation se crée, il n'y a ni ni professeur ni élève, et j'ai été témoin d'évolutions très intéressantes et très riches. J'ai déjà dit que le théâtre était magique, il fait apparaître des choses nouvelles. Souvent les jeunes ont en eux quelque chose qu'ils gardent jusqu'au dernier moment puis qu'ils libèrent, qu'ils donnent tout à coup, lorsqu'ils se retrouvent sur scène.
Quelles sont les œuvres que vous prévoyez de travailler avec les jeunes ?
Si nous voulons vraiment un jour vivre en langue basque, nous devons avoir nos propres modèles, nos films, nos pièces de théâtre. En plus, nos modèles raconterons notre histoire.
Ce sont des élèves du lycée qui ont entre 15 et 17 ans, nous allons donc essayer d'aborder des sujets qui les intéressent, en rapport avec la société, l'adolescence. J'écris d'abord le texte mais je le partage ensuite toujours avec eux pour faire émerger des réflexions. Il faut savoir qu'un texte en théâtre peut évoluer, bouger, nous reprenons donc le texte tous ensemble et nous le modifions en tenant compte de leurs suggestions. Je crois que ces allers-retours sont nécessaires pour faire apparaître cette fameuse magie. Il y a aussi plusieurs étapes avant de commencer à étudier un texte : des exercices, des échauffements, pour créer le groupe et faire que les membres se connaissent entres eux.
Qui est Maurice Harriet ?
À la fin de mes études, j'avais envie de connaître le monde de la recherche et j'ai décidé de faire une thèse. J'ai choisi d'étudier le dictionnaire du curé d'Halsou Maurice Harriet (1814-1904). Il a écrit un dictionnaire basque-français au milieu du XIXe siècle qui n'a jamais été publié. C'est donc un manuscrit. J'ai choisi trois lettres de l'alphabet, je les ai réécrites et j'ai en même temps étudié l'histoire de la lexicographie basque. C'était un travail très intéressant qui s'est prolongé pendant quatre ans ; un travail solitaire. Certains dans mon entourage ne comprenaient pas comment je pouvais rester autant d'heures devant un dictionnaire; mais moi j'ai vraiment apprécié cette expérience.
Le dictionnaire de Maurice Harriet a été ensuite utilisé par Pierre Lhande au moment où il a écrit le sien et c'est là aussi que cela devient intéressant. Pourquoi Harriet n'avait-il pas publié son travail avant ? Je suppose que ce dictionnaire est toujours à la même place, c'est à dire bien gardé sous un lit chez l'évêque de Bayonne, là où je l'ai trouvé. Je précise que maintenant il est microfilmé. Ce sont des pages très grandes et l'encre s'efface peu à peu. Il y aurait un travail extraordinaire à faire.
Que pensez-vous du patrimoine immatériel ?
Pour moi, le mot "patrimoine" a déjà en soi quelque chose du passé, quelque chose de vieilli, c'est matériel, comme un bâtiment. Par contre le patrimoine immatériel n'est pas celui que l'on touche mais plutôt celui que l'on sent ; comme la langue basque, le théâtre, et pour moi cela est nécessaire. Je crois par ailleurs que le patrimoine immatériel ne doit pas finir dans une vitrine, comme dans une exposition sur le théâtre par exemple. On pourrait le faire bien sûr mais pour moi l'immatériel est tout aussi important que le matériel voire plus important. Et pour cela le travail de transmission est indispensable. C'est ce qui maintiendra le patrimoine vivant et le soutiendra.
Vous traversez souvent la frontière du coté de Dancharia ?
Nous vivons à cent à l'heure, tout particulièrement les jeunes. La créativité nous ouvre une porte pour s'extraire de cette réalité, pour penser, se poser.
Je suis du Pays Basque et je me rends sans problème en Navarre, au Gipuzkoa, etc. J'ai de la famille un peu partout au Pays Basque et j'ai traversé la frontière toute ma vie, naturellement. Ma mère est d'Amaiur au Baztan, ça facilite les choses ; chez moi la frontière n'a jamais existé. Aussi, passer la frontière est un des objectifs de ce nouveau projet. Nous ambitionnons de travailler avec des établissements scolaires de tout le Pays Basque. Nous avons montré le travail pédagogique que nous menons dans divers établissements et il y aura une suite, c'est évident. Du moment où nous travaillons en langue basque, nous projetons de travailler sur tout le territoire bascophone ; par ailleurs, certaines manières de travailler sont différentes selon les territoires, ce sera donc des échanges enrichissants et nécessaires, sans aucun doute.
Pour vous, les artistes sont bien considérés ici ?
Même si l'éducation et le théâtre sont deux mondes différents, ils sont très proches l'un de l'autre, ils ont besoin l'un de l'autre.
La situation des artistes n'est pas bonne, c'est évident. Lorsque la situation économique est mauvaise, c'est toujours la culture qui en premier subit les restrictions budgétaires et par conséquent ce sont les artistes qui travaillent dans de mauvaises conditions, et plus particulièrement les artistes qui travaillent en langue basque. Mais par ailleurs, lorsque on vit une situation négative, celle-ci nous oblige à être meilleurs et cette bataille est toujours là je crois, surtout chez les artistes, ceux qui vivent de leur art.
Vous même, vous êtes déjà monté sur scène.
Oui, ce fut une très belle expérience.
Avec mon amie Maialen Fautoux, nous avons crée le groupe Ama bi il y a 8 ans de cela. Le contexte à l'origine de ce projet est assez original. Cette année-là, j'animais un atelier de théâtre au lycée et Maialen était venue me prêter main forte. On s'était vraiment amusée et à la fin de l'année je lui avais dit que j'aurais bien aimé continuer mais que cela aller être impossible car j'étais enceinte. Elle m'a alors répondu qu'elle aussi était enceinte et c'est là que le projet de Tripakiak a démarré, avec l'idée de proposer une pièce de théâtre autour du thème de la grossesse. Nous avons donc présenté Tripakiak quatre ou cinq fois au mois de novembre en étant réellement enceinte ; les enfants son nés en décembre. Ce fut une très jolie expérience, une sorte de théâtre de poche. Nous n'avons rien inventé, nous avons seulement mis en scène ce thème universel qu'est la grossesse, en évoquant ces moments de crises dont on parle si souvent. Loin de nous l'idée de donner des leçons, nous voulions juste chatouiller les gens, avec des situations que nous vivions et que beaucoup d'autres femmes vivent en étant enceinte, et en parler avec humour.
Puis, les enfants sont nés et nous nous sommes très vite dit que cela méritait bien une suite, pour parler de notre quotidien avec un bébé etc. C'est ainsi qu'est arrivé Amakiak, autour de la maternité. Là aussi, rien de neuf si ce n'est l'envie d'évoquer nos tracas quotidiens et d'en rire. Puis nous avons aussi fait un troisième volet, Amatur, pour finir avec ce jeu de mots, qui exprime que nous étions deux mères mais aussi des actrices amateurs, et faire ainsi le tour de la question. Ce dernier travail parlait plutôt des jeunes, des adolescents, et des relations parents-enfants. Ce petit format de poche était vraiment très joli, simple, sans beaucoup de décors, un format court, nous mettions tout dans la camionnette et nous allions de village en village, c'était vraiment bien !
Les bénéfices du théâtre sont nombreux, à plusieurs niveaux et ils sont reconnus comme très positifs, tout particulièrement chez les jeunes.
Depuis, nous avons souvent évoqué une suite, dans le même style, mais ce n'est pas facile car nous sommes assez prises toutes les deux. Mais l'idée est là. Cette expérience a été particulière pour moi, car c'était la première fois que je montais sur scène, mais c'était pour jouer mon propre rôle de femme enceinte et dans cette situation, je ne savais pas trop où étaient la fiction et la réalité. Si nous devions le faire maintenant, ce serait depuis la perspective de la femme, mais toujours avec humour.
Je pense qu'ici, au Pays Basque, il y a vraiment un public pour toute sorte de théâtre. En Iparralde par exemple le théâtre amateur a beaucoup de force avec des spectacles comme les "libertimenduak", les "toberak" ou "kabalkadak" (théâtre populaire) qui se développent beaucoup. Je crois qu'il y a vraiment de la place pour le théâtre, qu'il soit populaire ou sous d'autres formes.
Maman, comédienne, enseignante. Vous arrivez à bien gérer votre quotidien ?
À ce moment là, le quatrième n'était pas encore né, donc cet aspect était le plus facile à gérer. Ce n'est pas évident mais on y arrive, en signant un accord avec l'entourage proche. Il est vrai que j'ai de la chance que ma famille me soutienne dans mes projets et m’apporte son aide. Parfois, il vaut mieux ne pas y réfléchir parce que je crois que l'on serait totalement effrayée, mais on y arrive.
Maintenant, les enfants grandissent et j'ai vraiment envie de m'immerger dans cette nouvelle aventure, dans ce que j'ai envie de faire pour poursuivre mon chemin.
Pour finir, auriez-vous une question que je n'ai pas posé ?
On aurait pu évoquer le projet Haurrok, ou parler un peu plus du collectif Axut !. Mais ce serait trop long. Alors restant-on là !