Les danses des épées
Le 3 mai, fête de la Sainte Croix et grande journée de liesse populaire, la danse des épées (ezpata-dantza) retient toute l’attention des habitants de Legazpi (Guipuzcoa).
La saison des danses des épées débute dans cette ville et on les retrouvera également au cours des semaines suivantes dans d’autres endroits : Donostia-San Sebastian, Zumarraga, Tolosa, Markina-Xemein, Deba, Lesaka, Bera.
Au cours des dernières années, d’autres villages ont commencé à exécuter leur danse des épées, imitant plus ou moins les structures de celles mentionnées plus haut. Ainsi, à l’heure actuelle, on peut assister à des danses des épées également à Elgoibar, Eibar, Beasain, Iruñea-Pamplona, Añorga ou Andoain.
Les danseurs portent des épées, mais pas pour se battre les uns contre les autres. En fait, ils interprètent le hilt and point, connu dans d’autres régions d’Europe, dans les style de l’ezpata-dantza. Ce qui signifie que chaque danseur tient une épée par le manche et une autre épée par la pointe. Ainsi, en se donnant mutuellement les extrémités de leurs épées, les danseurs forment une chaîne. La plupart sont appelés « danseurs des épées » (ezpatadantzari), pourtant certains ne portent pas de véritable épée. À Deba et Lesaka, ils portent des bâtons ornés de rubans colorés, à Tolosa, des lances, et à Bera, des cordes.
Les épées mesurent généralement plus d’un mètre. En euskara, on dit qu’il s’agit d’épées à deux mains (bi eskuko ezpatak) : en effet, en raison de leur poids et de leur taille, leur maniement exige que l’on ait recours aux deux mains. Le groupe relié par ces épées se place sur deux ou quatre rangs, et le chef de groupe fait le lien, à l’avant, entre tous les rangs. Le groupe évolue sous les ordres du chef, du maître de danse, du guide ou du vieux maître, et plusieurs figures chorégraphiques sont exécutées sans jamais lâcher les épées. Au moment de faire les ponts, le chef fait un demi-tour et repart vers l’arrière, entraînant avec lui les danseurs qui sont devant, tout en levant les épées et en les passant au-dessus des têtes des autres danseurs. Ceux qui viennent de l’arrière font la même chose, jusqu’à ce que tout le groupe soit passé par le pont et soit tourné vers l’arrière. Ces ponts peuvent être exécutés en alternant les rangs, ou tous ensemble, et dans certains endroits, à Deba par exemple, ils se font également par dessous, obligeant tous les danseurs à sauter par-dessus les épées.
Les ponts sont les structures chorégraphiques les plus courantes que l’on puisse trouver dans la danse des épées basque. Les arceaux « à chambre » sont également pratiqués, offrant une haie d’honneur aux autorités ou aux personnalités honorées. Les rosaces aussi sont exécutées dans deux danses des épées, à Xemein et Legazpi. En croisant les épées, les danseurs composent une figure ronde de type étoile sur laquelle ils soulèvent le maître.
Les structures chorégraphiques mentionnées sont courantes dans les danses des épées pratiquées en Espagne, en France, en Angleterre, en Autriche, en Italie ou encore en Allemagne. Toutefois, une caractéristique distingue la danse des épées basque. Les solistes se détachent du groupe relié et ils exécutent en duo leur représentation avec de petites épées, devant le groupe. Dans ces danses, on retrouve des sauts, des « cabrioles », des levers de pieds et autres pas puissants. Ils bouclent leurs représentations avec des mouvements circulaires, en faisant tourner les épées d’un côté, puis de l’autre.