Des rituels aux groupes de danse
Les ezpata-dantza (danses des épées), les trokeo-dantza (danses où l’on échange les positions), les danses en cercle et les soka-dantza (danses en chaîne) se sont répandues à partir du XVIe siècle à travers le Pays basque.
Lors des rituels, protocoles, cérémonies particulières, Fête-Dieu, fête de la Saint Jean et autres grandes fêtes dédiées à tel ou tel sanctuaire, les danses des épées sont souvent le point d’orgue des festivités.
À l’occasion de la fête qui suit le rituel, ainsi que des divertissements dominicaux, les Basques aiment à danser les soka-dantza et les danses en cercle, notamment les sauts dansés.
Le mouvement romantique, dans un premier temps, et le nationalisme par la suite, eurent tendance à promouvoir les types de musique et de danse laissés de côté suite à la crise de la société rurale. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, les Fêtes Basques mirent en évidence certains aspects de la culture traditionnelle qui semblaient en voie de disparition, et les présentèrent dans le cadre d’un programme de célébrations exceptionnelles. Les concours se multiplièrent, offrant aux aitzindari (éclaireurs) souletins ou aux agiles danseurs labourdins ou bas-navarrais l’opportunité de montrer leurs talents et d’être ainsi honorés.
Les Ballets folkloriques de Russie, qui venaient de parcourir toute l’Europe, avaient laissé derrière eux une empreinte profonde, suscitant admiration et émotion. S’appuyant sur le fait que la musique et la danse basques constituaient des matières premières exceptionnelles, certains entreprirent d’en faire autant, profitant en cela des tendances de l’époque à la mise en scène et à la balletisation. En 1927, Segundo Olaeta fonda le groupe Elai-alai à Guernica, et un an plus tard, le spectacle Saski Naski fut présenté à Donostia-San Sebastian, avec la participation des chanteurs de l’Orphéon, de l’Orchestre Symphonique, et de danseurs venus de Donostia-San Sebastian (Guipuzcoa), Berriz (Biscaye), Ispoure (Basse Navarre) et Tardets (Soule).
Les guerres successives (Première et Deuxième Guerres mondiales, ainsi que la Guerre Civile espagnole) frappèrent durement le Pays basque au XXe siècle. De nombreux danseurs perdirent la vie lors de ces conflits dont la dureté émoussa également, chez ceux qui survécurent, la joie de vivre et la passion de la danse. En pleine Guerre Civile espagnole, le Gouvernement Basque mit sur pied une ambassade chorégraphique et musicale : Eresoinka. Dans le but de jouer la guerre sur le terrain culturel et de la communication, le Gouvernement Basque rassembla au sein d’un groupe conséquent des chanteurs, musiciens, créateurs et danseurs basques, et après avoir effectué un travail de préparation à Sare, des représentations furent données notamment à Paris, Bruxelles, Amsterdam, La Haye, Rotterdam et Londres.
Après la défaite, Eresoinka et les danseurs d’Elai-Alai étant dans l’impossibilité de retourner au Pays basque Sud, certains s’établirent dans la province du Labourd, et d’autres devinrent des artistes nomades, effectuant des tournées en Amérique du Sud, mais tous poursuivirent leur travail de diffusion de la culture et de la danse basques. Ils continuèrent à explorer le modèle académique russe pour s’exercer à la danse classique et mettre en scène les danses traditionnelles basques. Dans leur sillage naquirent, dans les décennies qui suivirent, différentes formations de danse basque du XXe siècle, notamment la Schola Cantorum et Kresala à Donostia-San Sebastian, ou encore Oldarra et Etorki dans la province du Labourd.