Opéra basque
Le XIXème siècle voit émerger, partout en Europe, des opéras qui se veulent "nationaux". Le Pays Basque n'a pas échappé à la règle.
Le premier opéra se proclamant «basque» apparaît en 1884 à Saint-Sébastien, à l'occasion du Carnaval. Pudente est un spectacle de divertissement, dont l'intrigue (en euskara) se déroule en Andalousie romaine, et dont la musique reprend de nombreux airs en vogue (des zortziko d'Iparraguirre notamment).
Très vite, l'argument des opéras rejoint le cadre du Pays Basque, et s'adapte aux sujets et aux ambiances développés par la littérature fuériste, puis valorisés par les nationalistes.
L'opéra basque a un texte généralement en euskara, bilingue dans certains cas. Sur le plan musical, le recours à la musique traditionnelle est apparue comme la condition sine qua non pour conférer à l'oeuvre un caractère basque, et le chant, soliste et choral, est de facture simple.
L'élément chorégraphique, basé sur les danses du pays, est important. Une attention toute particulière est portée à la mise en scène, aux costumes et aux décors, conçus avec la collaboration de peintres réputés et faisant souvent appel à des techniques modernes. Pendant un demi-siècle, mais plus particulièrement au début du XXème, écrivains et compositeurs ont uni leurs efforts pour mettre sur pied un théâtre lyrique considéré comme la forme noble et savante du chant populaire, et l'expression majeure d'une nationalité au moins musicale, voire plus.
La popularité de l'opéra, dans un contexte nationaliste (années 10, au Sud) ou régionaliste (années 30, au Nord) est incontestable (large couverture médiatique, nombreuses reprises, assistance de plusieurs milliers de personnes aux représentations en plein air, impact émotionnel des oeuvres).
Mais les changements politiques et l'évolution des centres d'intérêt du public vers les spectacles chorégraphiques et le chant choral amène la désaffection du genre, qui doit attendre les années 80 et 90 pour voir à nouveau reprises et créations d'ouvrages anciens (Leidor, Iziar) ou nouveaux (Gernika), dont la conception de la « basquitude » a pu évoluer (Ilargi xendera).