Nemesio Etxaniz (1889 - 1982)

Dans les années d'après-guerre, le processus de renouvellement du chant basque continue. Plutôt que de rupture, il serait plus juste de parler de changement dans la continuité, car la production du chant n'a jamais vraiment cessé.

Un prêtre gipuzcoan, Nemesio Etxaniz (Azkoitia, 1899 - Donostia, 1982) peut être considéré comme le véritable précurseur de la nouvelle chanson basque ou chanson engagée. Auteur d'articles en basque dès les années 1930 (dans Argia et Euskal Esnalea), il ne publie véritablement que dans les années 1950 (1951 : Kanta, kantari).

Généraliste comme la plupart des militants de sa génération, Etxaniz s'essaye au roman, à la nouvelle, au conte, au théâtre et au chant. Les circonstances donnent rapidement à son engagement culturel une tournure politique : en 1963, pendant les sessions de Vatican II.

Nemesio Etxaniz est cité à comparaître pour une lettre envoyée au gouverneur civil de la province. L'évêché n'empêche pas sa comparution et le vicaire général lui intime l'ordre de se présenter devant le tribunal civil. Emblématique, la position d'Etchaniz en fait une sorte de transition entre le clergé engagé de 1936 et celui de 1960.

Le recueil Chansons basques paru à Hendaye en 1967, résolument tourné vers la « nouvelle chanson basque » présente ainsi l'apport du chanteur guipuzcoan : « Il est de ces religieux qui ne posent pas aux jeunes l'alternative entre l'apostolat et le combat patriotique. Il a compris combien est dangereux pour l'avenir chrétien du peuple basque non seulement d'induire en erreur, mais également et surtout de garder le silence sur un sujet qui de jour en jour prend une place privilégiée dans l'esprit et le coeur de nos jeunes : Euskadi la patrie des Basques ».

Etxaniz poursuivra cet engagement par le chant durant les années 1960 et 1970.

Ressource

"Kantuketan, l'univers du chant basque" - Denis Laborde (dir)  - Ed. Elkarlanean
Article de Xabier Itzaina sur les rapports entre chant et politique