Michel Labéguerie (1921 - 1980)

Né en 1921 à Ustaritz, Michel Labéguerie a 20 ans durant la guerre. Il a alors une activité mal connue : il participe activement, dans les années 1930 tout d'abord, à la formation des groupes de danse d'Ustaritz, puis à celui des étudiants basques de Bordeaux.

De gauche à droite, Xalbador, Michel Labéguerie et Mattin
De gauche à droite, Xalbador, Michel Labéguerie et Mattin

À l'activité folklorique se greffe une dimension de collecteur. Dans le cadre du cycle de conférences de jeunes au Musée basque, il prononce une conférence sur les danses basques le 21 février 1944. Auparavant, en 1942-43, Labéguerie réalise un travail de collectage de chants important dans la région d'Ustaritz.

Il est alors en relation étroite avec deux figures fondamentales de l'institutionnalisation de la culture populaire basque : Aita Donostia et Pierre Lafitte. Labéguerie commence donc par apprendre ce qu'est le vieux chant kantu xaharra. Il fait cette découverte en adoptant une position médiane c'est-à-dire en s'immergeant dans le milieu qu'il étudie et d'où il est issu (ses principales sources sont sa famille et les Uztaritztar), et en s'en distanciant : la mise en écrit des chants se fait souvent avec des commentaires en français, la mise sur partition s'aligne sur les canons « officiels ». Sa propre position d'étudiant bordelais le place dans cette position médiane, à la fois dedans et dehors, assez imprégné de sa culture pour en saisir toutes les finesses (on notera notamment l'intérêt qu'il porte aux chansons d'auberge et à leur contexte dénonciation) et assez distancié pour en percevoir la valeur relative et se décider à la fixer par l'écrit.

Il faut connaître cet antécédent pour saisir toute l'évolution de celui qui, de compilateur-folkloriste, deviendra auteur-compositeur-interprète. Gu gira Euzkadiko n'est pas créé ex-nihilo. Et le même constat pourrait être fait pour la deuxième grande source d'inspiration de M. Labéguerie : les bertsulari (improvisateurs). Les notes sur le concours d'improvisation de Sare de 1948, particulièrement en ce qui concerne les aspects mélodiques des bertsu, prouvent la force de cette filiation. Président d'Euskalzaleen Biltzarra, Michel Labéguerie continuera d'organiser régulièrement des rencontres de bertsulari, avec en prime l'opportunité historique de côtoyer des Xalbador et des Mattin, alors à l'apogée de leur art.

Labéguerie a donc une idée de ce qu'est le chant basque, avant de se mettre à fonder son chant politique. Les trois sources auxquelles il s'abreuve durant sa jeunesse : chansons anciennes, danses et improvisation, lui donnent une formation fondamentale pour la suite. Labéguerie est donc transition, plus que rupture. [...] Ses prestations elles-mêmes font figure de transition : elles restent traditionnelles, puisque M. Labéguerie fait peu de kantaldi (tour de chant), et qu'il chante essentiellement à la fin des banquets dans le cadre du très modéré Euskalzaleen Biltzarra. Elles sont innovantes par l'accompagnement musical qu'elles imposent, par leur support discographique et enfin par le message clairement abertzale qu'elles véhiculent.

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