Daniel Landart, parolier

L'auteur et homme de théâtre Daniel Landart (1946, Saint-Esteben), nous relate ici son rapport au chant basque, en évoquant plus particulièrement les chansons écrites pour le groupe ERROBI (1974-1985), pionnier du rock en euskara.

Extraits de témoignages

  • Un père chanteur

    Des paroles maintes fois entendues…

    "Ikusten duzu goizean..." ou "Salamancara nindoalarik...", des paroles entendues depuis toujours, car à la maison nous avions un chanteur exceptionnel, mon père : Aita.

    Quand Aita commençait à chanter, il devenait un autre homme. Son visage s'illuminait en répandant le bonheur.
    Les mélodies qu'il chantait nous rendaient toujours joyeux.

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  • Sur scène

    Eñaut Etxamendi et Manex Pagola

    Après Aita, Eñaut Etxamendi et Manex Pagola furent les premiers chanteurs basques que j'entendis en direct.

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  • Gazteri berria

    Michel Labéguerie

    Michel Labéguerie : "le père de la nouvelle chanson basque", lui je ne l'avais jamais entendu chanter en public. Mais "Gu gira Euskadiko gazteri berria" (Nous sommes la nouvelle jeunesse d'Euskadi), chanson qu'il avait écrite, était notre hymne à l'époque !

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  • Mikel Laboa

    Kantaldia

    Un nouveau mot fit son apparition : KANTALDIA (Kantu aldia, le tour du chant). 
    Au début des années 70, les premiers kantaldi commencèrent ; époque à laquelle, aux chanteuses et chanteurs d'Iparralde (Pays Basque nord) se joignaient celles et ceux d'Hegoalde (Pays Basque sud).

    Un jour j'ai confié mon poème "Zure begiek ene maitea" (Tes yeux, mon amour) à Mikel Laboa. Il le mit en musique et l'enregistra.

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  • Bertze batekilan

    Les frères Duhalde

    Robert Duhalde d'Ustaritz, dont je fis la connaissance dans les kantaldi, me présenta son frère Anje, qui jouait de la batterie dans le groupe El Fuego.
    J'étais devenu ami avec les frères Duhalde.
    Je fis débuter Robert au théâtre et Anje mit en musique deux de mes poèmes : Euskadi et Bertze batekilan (Avec un autre).

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  • Goizero

    Premier album d'Anje Duhalde

    Anje Duhalde sortit son 1er disque en 1974 avec deux de mes textes : Goizero (Tous les matins) et Bertze batekilan.

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  • Errobi

    Classe ouvrière et patriotisme

    Les musiciens Anje Duhalde et Mixel Ducau créèrent d'abord le duo ERROBI, et ensuite le groupe. Moi c'était surtout avec Anje que j'avais des contacts. Je lui proposais des textes qui abordaient les thèmes de la classe ouvrière et du patriotisme basque.

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  • Nagusiaren negarrak

    Eskulangilea

    Aprendizgoa hamalau urtetan hasirik, hogeita hiru urtez lan egin nuen hiru inprimategi desberdinetan. CGT sindikateko kide nintzen. Hiru asteko greba egin genuen 1968an, inprimategia gau eta egun okupatuz. Sei nagusi ezagutu nituen. Haietarik bat kapitalista zen, Autobide Sozietateburua. Hark zigun, preseski, galdetzen gure lanpostuen "salbatzeko" indar gehiago egin genezan.
    Orduan idatzi nituen Nagusiaren negarrak eta Lantegiko 10 manamenduak.

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  • Coopératives

    Les patrons

    Je ne mets pas tous les patrons dans le même sac. Si nous voulons « du travail en Euskadi », nous avons besoin de personnes qui prennent des risques au niveau économique. Le système coopératif d'Arrasate me semblait être la méthode de travail la mieux adaptée. Comme je le dis dans la chanson « Goizero » : « Que ce qui se réalise dans notre lieu de travail, soit à nous toutes et tous !» Par la participation.

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  • Patriote

    Les sept provinces

    Je suis resté dix ans dans le mouvement Enbata (1964 - 1974). Jakes Abeberry et Jean-Louis Davant furent pour moi deux maîtres incomparables.

    Je pris conscience que j'étais basque. Je commençais à connaître les villages, les villes et des personnes des 7 provinces du Pays Basque.

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  • Nora goaz?

    Une dure réalité

    À cette époque-là, la Soule et la Basse-Navarre se vidaient de leur population. À cause du chômage, les jeunes s'en allaient vers Paris.
    Nous revendiquions le besoin d'avoir de nouvelles entreprises, tout en dénonçant le tourisme excessif.

    Des gens venus d'ailleurs se mirent à acheter massivement des terres et des maisons. Nous voyions de plus en plus clairement, que nous les Basques, étions en train de devenir des étrangers au Pays Basque.

    Les paroles des chansons : « Gure zortea » (Notre sort), « Perttoli », « Nora goaz ? » (Où allons-nous ?), « Kanpo » (Autre part), « Ez deat erranen » (Je ne te dirai pas), se basent sur la dure réalité du Pays Basque nord.

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  • Préoccupations

    Au théâtre également

    Mes pièces de théatre - que jouèrent différentes troupes - parlaient également des inquiétudes de cette époque-là :

    • « Bai ala ez ? » (Oui ou non ?) - 1970
    • « Noiz ? » (Quand ?) - 1971
    • « Etxegabeak » (Les sans-logis) - 1972
    • « Hil biziak » (Les morts vivants) - 1974
    • « Xuri gorriak eta... » (Les blancs, les rouges et...) - 1975
    • « Ama » (La mère) - 1979
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Au sujet des paroles...

  • Errobi

    La langue et le message

    Au début le style musical d'ERROBI me semblait assez particulier, car je connaissais assez peu le rock, mais je m'y suis fait assez facilement.
    J'appréciais parce que les chanteurs Anje Duhalde et Mixel Ducau prononçaient bien les paroles et la musique ne les couvrait pas.

    En effet, la langue et le message étaient importants pour moi.

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  • Aitarik ez dut

    Euskal Herria et Euskadi

    Pour moi, Euskal Herria, c'est la mère. Éternelle, qui parle basque, très intime.
    Euskadi, c'est le père. Le choix politique. L'État constitué des 7 provinces. Comme dans les autres pays, patrie devenue État.

    Voilà pourquoi j'écrivis « Quand nous aurons un père, notre mère vivra » dans la chanson : « Aitarik ez dut » (Je n'ai pas de père).

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  • Telebista

    L'impact de la TV

    Le Président de la République Valéry Giscard-d'Estaing (1974 - 1981), « voulant être plus proche du peuple », nous apparaissait à la télévision dans des monologues au coin du feu...

    La télévision fut une innovation extraordinaire, mais néfaste pour l'euskara ! Elle investissait en effet l'espace privé, avec une programmation en langue française
    dans sa quasi-totalité (notons cependant les émissions en langue basque de Maite Barnetche « Euskal Herria orai eta gero » sur FR3 de 1971 à 1986).

    Heureusement que nous avons Euskal Telebista qui émet (depuis 1982) toute la journée !

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  • Hi

    Avec les réfugié.e.s politiques basques

    Durant la dernière décennie du franquisme, j'avais croisé des réfugié.e.s politiques basques à Bayonne.
    Je m'étais lié d'amitié avec quelques uns. Xabier Elosegi et Mikel Urteaga de Tolosa m'apprirent beaucoup : l'un sur l'Histoire basque, l'autre sur la lutte des classes.

    Je participais aux manifestations organisées en soutien aux réfugié.e.s basques. Nous croyions qu'une fois Franco mort, le Pays Basque sud obtiendrait l'indépendance et que les ex-réfugié.e.s nous aideraient à libérer le nord.
    Par admiration pour eux j'écrivis « Hi » (Toi). Notre espoir à l'époque : « Un Pays Basque unifié, dans une Europe fédéraliste et sans frontières ! ».

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  • Txileko langileria

    La classe ouvrière du Chili

    Le socialiste Salvador Allende fut élu Président du Chili en 1970.
    Mais en septembre 1973, le général Augusto Pinochet commit un coup d'état et sa dictature perpétra d'horribles massacres.

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