Juan Ignacio de Iztueta (1767-1845)

Un extrait de l'article de l'ethnomusicologue Denis Laborde publié dans "Kantuketan, l'univers du chant basque", aux éditions Elkar.

Sixième enfant d'une famille qui en compterait douze, Juan Ignacio de Iztueta est né à Zaldibia (Guipuzkoa) en 1767.

Il fréquenta assidûment l'école, nécessairement catholique, de ce bourg montagnard de 1.300 habitants, mais ne connut pas le privilège de son frère, José María, qui étudia l'orgue chez les Jésuites d'Azpeitia. Juan Ignacio ne connaîtrait pas le solfège, il apprit le txistu par mimétisme, sa science était ailleurs. Capable d'exécuter sur-le-champ quelque danse que ce fût, capable, même, d'en inventer de nouvelles et d'entraîner ses condisciples à sa suite, il acquit parmi ses contemporains un considérable prestige. Curieux de tout, il quitta impatiemment son avenir de fils de paysan pour s'aventurer sur les routes du Guipuzcoa.

Et Iztueta dansait. Sa renommée avait gagné le pays. On venait de loin solliciter ses conseils. « Vous êtes plus de cinquante à avoir été formés et instruits par moi » (Iztueta, 1968, p. 306), écrit-il en 1824, lorsqu'il s'efforce de faire le décompte.  

C'est chez l'imprimeur Ignacio Ramón Baroja qu'Iztueta publie, en 1824, son Guipuzcoaco Dantza gogoangarriak, Vieilles Danses du Guipuzcoa. Toutefois, ce traité de 1824 ne comporte que les paroles des chants de danse. Pour le solfège, il faudra attendre le recueil de 1826 : « Je souhaitais joindre la musique aux paroles, mais [...] je me suis vu obligé de les publier séparément » (ibid. p. 370). Impératifs techniques ? Stratégie d'imprimeur ? Deux ans plus tard, Juan Ignacio de Iztueta fait un pacte d'écriture avec un musicien de renom, Don Pedro de Albeniz, et la notation musicale entre, pour l'une des toutes premières fois de l'histoire des musiques traditionnelles, dans le recueil imprimé.

Ce n'est qu'à l'âge de soixante-dix ans, après trois mariages, dix baptêmes et quelques autres enfants, qu'il s'en retourna dans son village pour écrire, aux côtés de sa jeune épouse, María Ascención de Urrozola, de Zizurkil, et de leurs enfants, Martina Antonia et Pedro Ignacio, une Histoire du Guipuzcoa, en langue basque, que sa mort, le 18 octobre 1845, ne lui permit pas d'achever.