Chant choral et diaspora
Le chant de la huitième province : des bertsularis d'abord
Le Pays Basque compte sept provinces, "Zazpiak bat". La huitième, c'est la diaspora.
Parmi les coutumes basques, il y a cette habitude d'exprimer des sentiments par le chant ou le chant improvisé : par des bertsu. Les Basques qui ont quitté leur pays pour vivre ailleurs dans le monde n'ont pas perdu ces traditions. Ils ont même, au contraire, joué un rôle très enrichissant pour le renouvellement des pratiques et des répertoires dans les domaines du chant et de l'improvisation poétique. Bien des Basques qui se sont installés en Amérique ont emporté avec eux leur langue, l'euskara, et l'ont fait vivre en l'adaptant aux modes de vie du pays qui les accueillait.
Le grand chanteur Iparragirre ou encore le bertsulari Pedro Mari Otaño ont eu un grand plaisir à chanter devant les Basques qui vivaient en Uruguay ou en Argentine. Oxandarena, qui vivait dans le Nevada, écrivait régulièrement à Mendiague, qui se trouvait, lui, en Uruguay, et il lui écrivait en bertsu. Dans son livre sur le bertsulari de Lesaka Paulo Yanci, qui avait été en Amérique, le père Zavala précise à son tour que certaines personnes de la Vallée des cinq villages (Bortziri), en Navarre, écrivaient eux aussi leur lettres en bertsu.
Des chorales aussi
Un dicton bien connu résume d'une façon exemplaire la passion des Basques pour le chant : « Que font trois Basques qui se retrouvent ensemble ? Ils créent une chorale. »
Ce qui est vrai pour les Basques d'Europe, vaut également pour ceux qui sont partis. La tradition du chant n'a pas pris une ride dans les diasporas. En effet, depuis la création de la première Euskal Etxea (Maison Basque), à Montevideo (Uruguay), en 1876, il est de tradition que chaque Euskal Etxe se dote d'une chorale. C'est ainsi que celle de Santiago du Chili, par exemple, acquit une fameuse réputation après 1936.
Après la défaite de la guerre, en effet, nombreux furent les Basques qui s'enfuirent vers l'Amérique. Ces Basques furent bien accueillis dans les maisons basques déjà créées, en particulier à Santiago du Chili. Il y avait déjà à Santiago une chorale basque, mais il est clair que l'arrivée massive de ces réfugiés, parmi lesquels se trouvaient de bons musiciens et chanteurs, vint l'enrichir, stimuler la pratique et renouveler le répertoire.
La chorale de Santiago du Chili existe encore et est aujourd'hui l'une des plus réputées de la diaspora basque. Comme au Chili, en Argentine, en Uruguay, aux Etats-Unis, au Pérou et au Mexique des chorales continuent de faire vivre le chant basque partout dans le monde.