Basse-Navarre

La Basse-Navarre est la terre d'origine de plusieurs improvisateurs dont l'histoire a retenu les noms.

Parmi ceux-ci, un dénommé "Xantxo", muletier dans la vallée de Baigorri entre 1835 et 1850. Il était réputé pour ses invectives contre les douaniers, la pratique de la contrebande lui rapportant plus d'argent que son métier de muletier... et en critiquant ces fonctionnaires, il s'attirait la sympathie de tous les contrabandiers.

Manex Apezena était un bon improvisateur même si sa moralité n'était pas très élevée. Moyennant une contribution, il écrivait des bertsus contre tel ou tel, ce qui lui valut quelques séjours en prison.

Otxalde, originaire de Bidarray, douanier de profession, était invité à toutes les fêtes basques, et une fois par mois, il improvisait au marché de Hasparren. Le bertsulari haspandar "Xetre" le décrit ainsi : "Gizon gaztea, ernea, ongi ikasia, denetaz maitatua" ("un homme jeune, vif, bien éduqué, aimé de tous"). Un supérieur douanier ne partageait cependant pas le même avis, en rétorquant qu'Otxalde n'avait pas si fière allure et qu'il était criblé de dettes.

Zubiat était un fin improvisateur, unanimement estimé. Il était facteur à Béhorléguy. En mars 1909, il fut appelé à Saint-Jean-Pied-de-Port par un de ses supérieurs afin de répondre à la sollicitation du roi d'Angleterre, Edouard VII désireux d'écouter un improvisateur.

Joanes Etcharren d'Irouléguy, Larramendy de Saint-Michel, Manex Etxamendi d'Estérençuby, "Pudes" d'Arnéguy, Peio Erramuspe de Banca, ainsi que quelques autres, improvisaient dans les charivaris et divers repas.

Une mention spéciale à Bettiri Ibarrart qui composa de beaux chants, dont notamment "Sotoko oporra", "Mitxelengo zubia", "Itsua eta sastrea", très populaires encore aujourd'hui. Les joutes, auxquelles il participait, attirait un public nombreux.

Ximun Ibarra "Zubikoa", Felix Iriarte "Berjinanto", tous deux navarrais, vécurent longtemps dans la vallée de Baigorri. Iriarte fut sacré champion du premier championnat de Navarre, à Elizondo en 1936.

Mais Fernando Aire "Xalbador" est sans contexte l'un des plus grands maîtres improvisateurs du Pays Basque nord, avec Pierre Topet Etxahun-Barkoxe. Ses versets, de forme classique et dans un très beau basque, expriment la profondeur et la richesse de son âme. Son livre autobiographique Odolaren mintzoa est un véritable monument !

Longtemps, Xalbador a été hanté par l'idée qu'après lui, il n'y aurait plus de bertsulari en Basse-Navarre. Mais quelques années avant sa disparition brutale le jour où on lui rendait hommage à Urepel, il s'était réjoui que certains jeunes aient repris le flambeau, dont son propre fils Michel. Mais également, Jean-Pierre Mendiboure de Hélette, Ernest Alkhat d'Iholdy-Armendaritz, Jean Arrosagaray d'Aincille, Jean-Louis Harrignordoki (Laka) de Baïgorry.

Grâce notamment au travail de transmission menée depuis les années 1980 à travers les écoles de bertsus, Bertsularien Lagunak tente d'assurer la relève.