The ethnologist Terexa Lekumberri (1962, Ossès) is in charge of the Basque Cultural Institute's heritage service. The oral heritage collection, which today covers the Northern Basque Country, was initially developed in 2007 and can be consulted online at www.eleketa.com.
See also www.itsasturiak.com
T. L.: Je suis avant tout une littéraire, j'ai toujours eu du goût pour les Lettres et les sciences humaines. A l'université, j'ai commencé par des études de philosophie, puis il m'a semblé que cela méritait un approfondissement plus concret. J'ai décidé de préparer un doctorat en anthropologie et en 1990, j'ai présenté un mémoire sur les femmes dans la vallée de Baigorri. En 1992, je suis entrée à l'Institut culturel basque, il y a 18 ans donc. A l'époque, l'ICB avait juste deux ans d'existence.
Nous recevions de nombreuses demandes émanant des écoles, des professeurs, à la recherche d'informations sur les stèles discoïdales, sur Olentzero, etc. Conscient d'un manque dans le domaine du patrimoine, l'ICB me chargea de réaliser un guide du patrimoine du Pays Basque nord réunissant toutes les informations concernant les associations, les personnes ressources, les institutions patrimoniales. Répondant à un besoin de communication auprès grand public, nous nous sommes alors rendus compte que les acteurs du patrimoine eux-mêmes ne se connaissaient pas. De ce constat découla, entre autres, la création d'une commission du patrimoine réunissant ses principaux acteurs. Cette commission continue à ce jour son travail et une quinzaine de personnes se réunissent trois à quatre fois par an. Et c'est ainsi aussi que mon poste de coordinatrice du patrimoine fut créé.
Même si au sein de l'Institut culturel basque, patrimoine rime avec culture et nature, mon champ d'action se limite au patrimoine culturel. Je mène un travail avec les associations et avec les mairies. J'aide les associations ayant un projet dans leur démarche auprès de l'administration. Les mairies, quant à elles, me contactent essentiellement lorsqu'elles ont un projet de réhabilitation de patrimoine bâti. Par exemple, lorsque la mairie de Larceveau décida d'ériger un centre d'interprêtation des stèles discoïdales, elle a mis en place un comité de conseil auquel nous avons pris part. De même à Itxassou, quand la mairie a réalisé le centre d'interprêtation du village « Ateka », nous avons intégré le comité technique en tant que conseiller du patrimoine. Nous aidons aussi les collectivités lors de réhabilitation d'éléments patrimoniaux (lavoirs d'Ustaritz et d'Ahetze, château de Garro à Mendionde) en sensibilisant les jeunes au patrimoine.
L'institut culturel basque agit dans le domaine du patrimoine oral à travers trois actions.
En 2009, nous avons été missionné par le Département pour réaliser un inventaire des archives sonores du Pays Basque nord, auprès des associations, radios et personnes privées, dans le but de sauvegarder et de conserver ces fonds. Nous avons prospecté auprès d'une vingtaine de fonds, il y en bien sûr davantage, le travail est à poursuivre. Nous avons comptabilisé plus de 12 000 heures d'enregistrements sonores, dont 350 en mauvais état. Cela démontre l'importance d'un tel travail et les mesures d'urgence à prendre coûte que coûte. Nous avons aussi travaillé avec l'association souletine Sü Azia qui détient 400 heures d'archives sonores que l'ethnomusicologue Marie Hirigoyen a numérisées et traitées.
Toujours lié au patrimoine immatériel et oral, nous avons commencé à collecter en 2007 les témoignages de personnes âgées en Basse-Navarre, et continuons aujourd'hui dans tout le Pays Basque nord. Ce projet a été impulsé en Navarre par l'Université Publique et la fondation privée Eusko Kultur qui nous ont demandé de mener la collecte en Basse-Navarre. Nous avons depuis élargi notre champ d'actions et continuerons jusqu'en 2011. Les fonds recueillis vont aux Archives départementales, précisément au Pôle d'Archives de Bayonne qui va ce printemps ouvrir ses portes. Pour cela, les témoignages sont traités par ma collègue Maite Deliart. Donc, les personnes qui désireront voir et entendre ce fonds audiovisuel trouveront toutes les informations relatives à chacune des séquences des témoignages recueillis.
La nouveauté de cette collecte est que les informateurs sont filmés. Il est vrai que nous ne sommes pas les précurseurs en matière de collecte du patrimoine oral, les radios basques mènent depuis longtemps cette démarche. Dans ce projet, l'image des témoins vient renforcer leur mémoire.
Au Pôle d'Archives de Bayonne, ce fonds accessible au grand public sera conservé dans les meilleures conditions pour assurer la transmission de notre patrimoine oral.
Nous avons abordé la collecte et l'archivage mais la diffusion de ce trésor est notre troisième objectif principal. Comme nous avions débuté notre collecte par l'Amikuze (la région de Saint-Palais), nous avons voulu restituer la mémoire recueillie aux habitants locaux. A partir d'une trentaine de témoins enregistrés en Amikuze, nous avons réalisé une exposition interactive visible à la médiathèque de Saint-Palais jusqu'au 16 janvier, montrant un peu un panel des thèmes abordés à travers 72 séquences vidéo. Depuis le 21 décembre dernier, cette valorisation est en ligne dans notre portail internet sur www.eleketa.com.
Jusqu'à présent, nous nous étions cantonné à la Basse-Navarre avec une exception, le traitement de 10 témoignages recueillis à Itxassou par Xabier Itzaina à la demande de la Mairie. Mais dès cette année 2010, nous avons décidé d'approfondir le thème du patrimoine maritime. Nous allons collecter dans la région de Saint-Jean-de-Luz et Ciboure, Bayonne et dans le Bas-Adour. Nous voulons donc recueillir la mémoire de notre patrimoine maritime, mais aussi nous allons prospecter dans la région d'Hasparren qui fut un fief de l'industrie de la chaussure. En 2009, nous avions enregistré un berger souletin sur le système pastoral de l'olha, propre à la Soule; et nous allons continuer dans cette province en approfondissant ses particularités autour du chant, de la danse, mais aussi l'empreinte de l'industrie à Mauléon. Tout cela pour dire que même si nous continuons à collecter en Basse-Navarre, notamment dans la région d'Iholdi-Oztibarre, nous étendons notre action au Labourd et à la Soule.